La juge française Nathalie Poux a pu ramener d’Algérie des prélèvements effectués sur les têtes des moines décapités – selon la thèse officielle algérienne par les terroristes du Groupe islamique armé (GIA) – plusieurs semaines après leur enlèvement dans la nuit du 26 au 27 mars 1996.
Ces prélèvements avaient été effectués en 2014 lors d’une exhumation des crânes des religieux enterrés à Tibhirine. Les juges et les experts français qui y avaient assisté n’avaient pu les ramener en France, l’Algérie arguant de sa souveraineté pour pratiquer elle-même les analyses. L’assassinat non éclairci des moines de Tibhirine a provoqué des tensions dans les relations franco-algériennes.
Selon TV5Monde, les prélèvements effectués en octobre 2014 ont été remis à la juge française chargée du dossier. En échange, les juges français ont fourni à leurs homologues algériens des prélèvements ADN des familles des moines, nécessaires à leur propre enquête.
L’Algérie s’était opposée au transfert de ces prélèvements en France, du fait qu’elle n’avait été associée à l’opération de prélèvement. Cette opposition avait provoqué un bras de fer avec la France. Pour les familles des moines, l’Algérie se rendait ainsi coupable de «confiscation de preuves».
Pour le correspondant de TV5Monde en Algérie, la remise des prélèvements ADN à la justice française est un «déblocage soudain de ce dossier épineux» entre la France et l’Algérie. Elle constitue aussi un réchauffement entre les deux Etats, à la suite de médiations de responsables politiques français.
Les religieux avaient été enlevés et tués par des hommes armés non identifiés. Les prélèvements effectués sur leurs restes pourraient faire avancer l’enquête sur leurs meurtres, en 1996, a estimé vendredi 10 juin Radio France Internationale (RFI), sur son site internet: www.rfi.fr.
Les prélèvements seraient «en bon état et exploitables», ont indiqué des spécialistes français. Dans l’hypothèse où ce serait confirmé, et si les tests ADN certifient que les crânes sont bien ceux des moines, ces prélèvements pourraient aider à percer un mystère qui entoure les circonstances et la période de décapitation des religieux. «Les experts avaient l’impression que la mort des moines pourrait être bien antérieure à ce qui avait été annoncé. Cela pourrait être expertisé d’une manière très précise avec les prélèvements, s’ils sont exploitables», a souligné François Baudoin, avocat des familles des moines. (cath.ch-apic/tv5monde/rfi/ibc/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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