Si un projet pastoral ne marche pas, «c’est parce qu’il manque la miséricorde»

Lorsqu’un projet «ne marche pas», inutile de se casser la tête à chercher «un énième plan pastoral», «si ce n’est pas béni, c’est parce qu’il y manque la miséricorde», a lancé le pape François devant des milliers de prêtres, le 2 juin 2016. En la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, au terme d’une journée de retraite spirituelle qu’il prêchait lui-même, le pape a rendu hommages aux nombreux «bons prêtres» et fourni de nombreux conseils aux confesseurs, recommandant notamment la «délicatesse».

Durant la troisième et dernière rencontre de la journée, dans le cadre du jubilé des prêtres, le pape a médité sur les œuvres de miséricorde. Si «dans l’Eglise nous avons eu et nous avons beaucoup de choses pas très bonnes, et beaucoup de péchés», a-t-il assuré, en revanche «nous avons toujours suivi l’Esprit» quant au service des pauvres, et ce «sans idéologie». «Il n’y a pas d’autre manière possible d’être prêtre», a-t-il insisté, que d’être «miséricordieux».

Le pape a ainsi encouragé les milliers de prêtres qui suivaient la méditation retransmise dans les basiliques papales, à avoir un «regard sacerdotal (…) qui nous fait voir les personnes du point de vue de la miséricorde». Ce regard, a-t-il ajouté, doit être enseigné «dès le séminaire» et il doit «alimenter tous les plans pastoraux». «Certains ne comprennent pourquoi ça ne marche pas et se cassent la tête à chercher un nouvel énième plan pastoral, a expliqué le chef de l’Eglise catholique, alors qu’on pourrait dire simplement : ça ne marche pas parce qu’il y manque la miséricorde».

Les bons prêtres

Durant cette longue méditation très concrète, le pontife a encouragé les prêtres à ne pas «éloigner» les personnes par «une critique sur un point particulier». Il a formulé de nombreuses recommandations aux confesseurs, à commencer par la «disponibilité» et l’attitude de «la non condamnation». Le confesseur est appelé aussi à ne pas faire «peur», à user de «délicatesse», et à «se laisser émouvoir par la situation des gens, qui est parfois un mélange de choses, de maladie, de péché et de conditionnements impossibles à surmonter». Et le pape de plaisanter sur la tentation de demander au pénitent «de nombreux détails», comme si le confesseur souhaitait «faire un film» sur le sujet.

Enfin, a exhorté le pape François, «n’ayez jamais le regard du fonctionnaire, de celui qui voit seulement des ›cas’, et s’en débarrasse» et «ne soyez pas curieux au confessionnal». Le pape a également invité les pasteurs à aller à la rencontre de la misère notamment «dans les trains et les barques remplies de gens», dans une allusion aux migrants. «La misère la plus absolue et la plus cruelle, a-t-il estimé, est celle d’un enfant dans la rue, sans parents, à la merci des vautours».

Au terme de la rencontre, le pape a concédé avec humour qu’on lui reprochait de trop «réprimander» les ministres ordonnés. Il a alors rendu hommage aux nombreux «bons prêtres qui travaillent en silence et cachés», avant de lire la lettre d’un curé de montagne italien, se disant «édifié» par son témoignage de «simple service pastoral». Le matin, après la première méditation de la journée à Saint-Jean-de-Latran, l’évêque de Rome avait confessé quelques prêtres. Le 3 juin, il présidera une messe place Saint-Pierre avec les participants au jubilé. (cath.ch-apic/imedia/ak/rz)

Raphaël Zbinden

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