«De nombreuses victimes (d’abus sexuels dans l’Eglise) pourraient ne toucher qu’une indemnisation symbolique», prétend l’article de La Liberté du 2 juin 2016. Philippe Boeglin affirme que les réparations financières prévues par le fonds en faveur des victimes de placements forcés et par celui de l’Eglise «varient du simple au double». Son texte rappelle que le dédommagement des enfants placés devrait osciller entre 20’000 et 25’000 francs. «Un montant qui laisse loin derrière les victimes d’abus dans l’Eglise dont les cas sont prescrits», écrit le journaliste, qui se seraient vues promettre une somme «allant jusqu’à 10’000 francs par cas».
Walter Müller considère cependant que l’article compare des choses qui ne sont pas comparables. «Dans le cas des enfants placés, nous avons des dédommagements qui ont été décidés, financés et réglés au niveau étatique. Le fonds commun établi par les diocèses et les ordres religieux est une démarche qui ne relève pas de lʼEtat», explique le porte-parole. «Il est normal que les sommes en jeu soient différentes». Le porte-parole de la CES dément également les affirmations de La Liberté selon lesquelles les 193 victimes présumées d’agressions sexuelles dans l’Eglise, en Suisse, toucheraient chacune un dédommagement moyen avoisinant 2’600 francs. Walter Müller explique qu’il s’agit là «d’un calcul strictement mathématique, qui n’a aucun sens». Il relève que le journaliste n’a fait que diviser par 193 les 500’000 francs prévus par le fonds de lʼEglise. Pour le représentant des évêques, il n’est pas possible de raisonner ainsi, en particulier parce que, dans les 193 cas en question, beaucoup ont déjà été réglés, de façon individuelle. Il remarque en outre que certaines victimes ne souhaitent pas être indemnisées financièrement. Il est enfin inopportun de calculer un dédommagement «moyen» au vu des différences considérables de gravité dans les cas répertoriés. Walter Müller souligne que les affaires en question vont de la simple agression verbale au viol caractérisé.
Interrogé par La Liberté, l’abbé Joseph Bonnemain, secrétaire de la commission spécialisée «Abus sexuels dans le contexte ecclésial», mise en place par les évêques, relève en outre que les indemnisations prévues par l’Eglise en Suisse correspondent à celles versées par l’institution en Allemagne et en Autriche, ainsi qu’à la pratique usuelle de la justice civile en Suisse.
Walter Müller précise que l’Eglise indemnise à présent tous les cas avérés d’abus par les membres du clergé, et que la seule chose nouvelle est le projet de création d’un fonds commun par la CES et l’Union des supérieurs majeurs religieux de Suisse (VOS’USM). Il souligne que les chiffres concernant ce dossier ne sont nullement secrets et qu’il est possible de consulter les directives émises par les deux institutions catholiques sur le site de la CES. (cath.ch-apic/lib/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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