l’Eglise du Malawi s’inquiète d’une islamisation croissante

Mgr Stima Monfort, évêque du diocèse de Mangochi, au Sud du Malawi, a témoigné, lors d’une visite à l’Aide à l’église en détresse (AED) le 26 mai 2016, d’une islamisation croissante observée dans son diocèse. Le pays était jusqu’alors connu pour sa coexistence pacifique entre les religions.

«L’islam traditionnel est certes modéré au Malawi, reconnaît Mgr Monfort, évêque de Mangochi, et la coexistence entre les religions a toujours été pacifique». Le prélat, lors d’une visite à l’AED, témoigne néanmoins d’une islamisation croissante observée dans son diocèse, au Sud du Malawi. D’ailleurs, les chefs religieux dans le diocèse de Mangochi, dont la population est majoritairement musulmane, entretiennent de bons contacts. L’évêque a évoqué la fondation d’un comité christiano-musulman, qui se réunit en cas de problème et recherche ensemble des solutions. Toutefois, il déplore une radicalisation croissante de la population musulmane.

 »Ils veulent apporter le ›véritable islam’ au Malawi»

Selon Mgr Monfort, des prédicateurs musulmans venus du Soudan entrent de plus en plus souvent au Malawi pour y prêcher un islam plus radical. Ils sont difficiles à contrôler, se disant «insatisfaits» de l’islam traditionnel local, ils veulent apporter le «véritable islam» au Malawi. Il y a déjà eu des exactions au cours des années passées. La plupart du temps, elles ont été commises après les prières du vendredi. Mgr Monfort a interpellé les chefs religieux islamiques à ce sujet, qui ont  en effet reconnu que les imams appelaient les gens à la violence, ajoutant «vous devez prier pour les imams, car ils sont mal formés»

L’évêque souligne qu’il est difficile, même pour les chefs religieux, de contrôler les imams «car, relève-t-il, n’importe qui disposant de suffisamment d’argent a le droit de construire une mosquée. Et celui qui l’a construite contrôle aussi l’imam. Ainsi, poursuit-il, dans certains villages, il y a quatre mosquées: une mosquée traditionnelle, qui s’y trouve depuis toujours, ainsi que d’autres mosquées nouvellement construites».

Etudes au Soudan ou en Arabie Saoudite

Mgr Monfort affirme en outre que de plus en plus d’adolescents obtiennent des bourses pour suivre des études au Soudan ou en Arabie Saoudite, et qu’ils reviennent ensuite au Malawi radicalisés. L’évêque explique que beaucoup de musulmans ont plusieurs épouses, ce qui augmente le nombre de leurs enfants et accroît le taux de musulmans dans la population. «Souvent, ces familles n’ont pas les moyens pour permettre une éducation scolaire régulière à autant d’enfants. Ils peuvent seulement les envoyer dans les écoles coraniques, les madrassa», ajoute-t-il

La tentation de l’islam

Selon l’expérience de l’évêque, la polygamie joue aussi un rôle pour les adeptes des religions traditionnelles africaines souhaitant rejoindre une grande communauté religieuse. Tandis que la polygamie n’est pas acceptable pour l’Église catholique, les personnes qui se convertissent à l’islam peuvent conserver ce mode de vie familial. Il explique que ces gens sont donc «plus faciles à convertir». Les musulmans sont invités à épouser les jeunes filles chrétiennes, car même lorsque l’épouse ne se convertit pas à l’islam, ses enfants sont automatiquement musulmans.

Pour Mgr Monfort, la mission de l’Église consiste dans l’approfondissement de la foi. «Nous encourageons les prêtres à être proches des gens et, comme le dit le pape François, à ‘sortir de la sacristie’. Pour certains croyants, c’est une grande tentation de se convertir à l’Islam – surtout lorsque le seul établissement scolaire du village est une institution musulmane. Ils ont besoin d’aide et d’encouragement».

Alors que la population totale du Malawi se compose d’une majorité d’environ 80 % de chrétiens et de seulement 13 % de musulmans, le taux de musulmans dans le diocèse de Mangochi atteint entre 50 et 90 %, selon les régions. En moyenne, environ 75 % de la population totale du diocèse sont musulmans. (cath.ch-apic/aed/bh)

Bernard Hallet

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