Les trois familles de musulmans vivent pour l’instant dans un refuge géré par l’organisation catholique Sant’Egidio, à Rome. Ils passent la plus grande partie de leur temps à apprendre l’Italien, notamment dans une école tenue par Sant’Egidio. Leurs conditions d’hébergement leur conviennent. Ils peuvent manger à la manière orientale, ils ont trouvé une mosquée pour prier et leurs enfants peuvent aller chaque jour à l’école. «Le climat est similaire à celui de notre pays», se réjouit Suhila, dont la fille, Quds, s’est liée d’amitié avec la fille d’un bénévole italien de Sant’Egidio. «Nous commençons à nous adapter. Le monde nous sourit», affirme la mère de famille.
Son mari, Ramy, souligne sa joie de goûter à la sécurité. «Nous voulons juste un peu de stabilité, afin de reconstruire nos vies», affirme-t-il. «Pendant cinq ans, nous n’avons pas pu vivre normalement. En Syrie, nous ne pouvions même pas nous mettre à la fenêtre, encore moins regarder au dehors, parce qu’une balle pouvait nous toucher à tout moment», raconte ce père de trois enfants.
Ramy et Suhila ont pu prendre quelques affaires avec eux de la Syrie, notamment un moule à falafels, qui a créé un incident de sécurité en Grèce. Les autorités de Lesbos ne voulaient pas qu’ils embarquent dans l’avion du pape avec l’objet métallique. L’insistance du Vatican a finalement permis à la famille d’emporter l’ustensile de cuisine qui revêtait pour eux une immense valeur sentimentale.
Nour et Hassan, les parents d’une autre famille prise par le pape n’ont pas pu, eux, emmener ce genre de souvenirs. Ils ont dû partir en toute hâte après qu’Hassan ait été appelé à combattre. Ils n’ont pu emporter que des vêtements.
En Syrie, Nour était étudiante en microbiologie et Hassan paysagiste. Ils espèrent pouvoir trouver du travail dans ces même domaines en Italie. Aidés par Sant’Egidio, ils ont remplis leur demande d’obtention du statut de réfugiés, et s’ils sont acceptés comme tels, pourront tenter de chercher du travail dans quelques mois.
The Guardian remarque que le fait qu’ils soient considérés comme «les réfugiés du pape» ne résout pas tous leurs problèmes. Ils sont confrontés notamment au défi de devoir reconstruire leurs vies à partir de zéro. Ils aimeraient notamment prendre du temps libre, mais leurs esprits sont pleins de souvenirs horribles et d’angoisse pour le futur. Ils ne parviennent pour l’instant qu’à tenter de gérer leur quotidien et à s’adapter à une société tout de même très différente de celle de laquelle ils viennent.
Le Vatican subvient à leurs besoins de base à hauteur d’environ 30 euros par jours, affirme le journal britannique.
Nour n’a pas vu le pape François depuis l’atterrissage à Rome, mais elle espère le rencontrer à nouveau. Elle voudrait encore le remercier, comme elle l’a déjà fait chaleureusement à chaque rencontre. «Il était souriant, il a béni mon fils», raconte-t-elle. «C’est un homme gentil. II a été très humain», assure-t-elle. Elle a entendu le pontife répondre à des journalistes lui demandant pourquoi il les avait sauvés alors qu’ils sont musulmans. Le pape a répondu: «Parce qu’ils sont des êtres humains, qu’ils souffrent et qu’ils doivent être sauvés».
Nour, Hassan, Ramy et Suhila en savaient déjà beaucoup sur le pape François avant leur départ de Syrie. Ils assurent avoir suivi son élection à la télévision en 2013. Ils affirment tous être très ouverts aux autres religions. A Damas, la capitale syrienne, ils vivaient aux côtés de personnes d’autres confessions. «J’ai demandé au pape de prier pour nous», précise Nour. «Il s’est mieux comporté que les leaders arabes, qui n’ont fait aucun geste, alors que nous sommes de la même religion». Elle qualifie l’acte du pape de «miracle». La réfugiée syrienne assure ainsi que le geste du pontife a «renforcé sa foi en Dieu et dans le destin». (cath.ch-apic/guar/rz)
Raphaël Zbinden
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