«Si je crois en quelque chose, ou en quelqu’un, je dois être capable de m’en justifier. Aujourd’hui parmi les jeunes de mon âge c’est plutôt l’incroyance qui est la règle», relève Laurianne Sallin. Miss Suisse 2016 ne fait pas mystère de ses convictions chrétiennes. La jeune Fribourgeoise donne le ton des échanges où chaque invité a pu apporter son témoignage personnel.
Représentants des Eglises et des religions, hommes et femmes politiques, artistes, personnalités du spectacle et simples fidèles ont pris place à bord du train spécial qui a traversé la Suisse d’est en ouest en plusieurs étapes. Echanges, lectures, prestations artistiques ont rythmé les quelque cinq heures de trajet à travers la variété des paysages du plateau Suisse. Une variété que l’on retrouvait dans les deux voitures-salons de la rame: chrétiens de diverses confessions et langues, musulmans, juifs ou encore alévis, ont partagé ce qui fait leur conviction profonde, sans prétention ni prêchi-prêcha, ni confusion non plus.
Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Laurianne Sallin, Miss Suisse 2016, Gottfried Locher, président du Conseil la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, Hafid Ouardiri, directeur de la fondation de l’entre-connaisance de Genève, la Conseillère aux Etats vaudoises Géraldine Savary ou encore Sybel Arslan, conseillère nationale bâloise d’origine turque, étaient quelques-uns des invités de cette excursion ferroviaire. Pendant que les paysages printaniers défilent les échanges vont bon train.
Ausserholligen, banlieue de Berne, le train passe devant la maison des religions, un grand bâtiment aux façades foncées, illuminées par de grands vitraux. Guido Albisetti, un des initiateurs du projet raconte comment pendant 8 ans il a cherché des fonds pour le réaliser. Aujourd’hui, huit religions y cohabitent «comme dans une famille. Certains chantent et font beaucoup de bruit pendant que d’autres voudraient un peu de silence. Mais finalement, tout se résout dans le dialogue.»
Sibel Arslan, conseillère nationale bâloise de confession alévie, explique qu’au plan de la vie quotidienne les Alévis ne se différencient pas beaucoup des chrétiens. Ce qui explique probablement leur bonne intégration. Au point que le canton de Bâle leur a accordé une reconnaissance publique en 2012.
Interpellé sur la question de la satire envers les religions, le pasteur Locher estime qu’il faut être capable de rire des choses sérieuses. Le Conseil suisse des religions a en beaucoup débattu. Il n’est pas facile de fixer une limite. Fahrad Afshar, président de la coordination des organisations islamiques de Suisse, suggère de distinguer entre se moquer d’une religion ou se moquer des croyants. En s’attaquant à ceux qui prient, on s’attaque aux plus faibles, souligne le sociologue d’origine iranienne. Un propos auquel souscrit Harald Rein, évêque catholique-chrétien de Suisse.
«Je ne commence jamais une journée sans avoir médité une parole ou une pensée biblique. C’est une nourriture essentielle pour mon âme», témoigne le peintre alémanique Franz Bucher. Il évoque l’épreuve du cancer qu’il a traversé. «Depuis j’ai compris le chemin de croix tout autrement. C’est aussi un chemin de vie de la passion à la résurrection.» Pourriez-vous un jour décorer une mosquée ? : «Pourquoi pas ?» Entre-temps le train débouche sur le grandiose paysage du Lavaux sur un air de Vivaldi interprété par le contre-ténor Stéphane Renevey. (cath.ch-apic/mp)
Maurice Page
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