Le jubilé de la plateforme de dialogue entre les communautés religieuses de Suisse a lieu dans une période où la violence liée à la religion et l’intolérance rendent le dialogue interreligieux encore plus important, affirme le Conseil des religions dans un communiqué.
Le train a circulé de la ville épiscopale de St-Gall à Genève, cité de Calvin, en s’arrêtant à de nombreuses stations intermédiaires. Dans le wagon-salon des CFF, les passagères et passagers ont rencontré des personnalités suisses passionnantes aux racines chrétiennes, juives ou musulmanes, souligne le Conseil des religions.
Le train était un lieu de rencontres, mais aussi une scène. Des lectures et des discussions sur la religion s’y sont déroulées, entrecoupées d’intermèdes musicaux. Les organisateurs ont pu compter entre autres sur la présence de Miss Suisse, Lauriane Sallin, de la présidente de la Commission fédérale contre le racisme, Martine Brunschwig Graf, de la conseillère d’Etat Géraldine Savary. Le musicien Marc Aymon, le directeur de la fondation de l’Entreconnaissance Hafid Ouardiri et le président du PDC Suisse, Gerhard Pfister étaient également du voyage.
Pour le président du Conseil, Gottfried Locher, également président du conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), cet événement commun des représentants des religions reflète la bonne cohabitation. «En comparaison avec d’autres pays, nous pouvons être fiers de dire que nous vivons la paix entre les religions en Suisse», a lancé le pasteur. Selon son président, le Conseil prendra, à l’avenir, encore plus rapidement position sur des thématiques actuelles et cherchera des solutions constructives. «Les communautés religieuses peuvent fournir ici leur contribution à la cohésion nationale. Nous voulons que le Conseil soit encore davantage valorisé auprès du public. Nous allons donc nous engager de manière constructive dans les discussions actuelles», a assuré le président du conseil de la FEPS.
Durant les premières années, le Conseil a fourni un travail de développement et de confiance, affirme la plateforme dans son communiqué. Ces derniers temps, le Conseil a participé à des consultations sur des questions de politique sociétale, ainsi qu’à des discussions sur des sujets d’actualité comme par exemple les attaques de Bruxelles et Paris. «Nous avons condamné publiquement à de nombreuses reprises les attaques effroyables contre la vie humaine. Notre message est très clair: aucune foi ne permet de tuer des innocents», a déclaré Gottfried Locher.
Le Conseil suisse des religions se compose de personnalités dirigeantes des Eglises protestantes, de l’Eglise catholique romaine, de l’Eglise catholique chrétienne, de la communauté juive, de la communauté orthodoxe et d’organisations islamiques. Cette plateforme de dialogue soutient l’entente entre les communautés religieuses, encourage la paix entre les religions en Suisse et est un interlocuteur pour les autorités fédérales et le Conseil fédéral.
Le Conseil des religions à la recherche du consensus
Deux représentants musulmans du Conseil, Montassar BenMrad, président de la Fédération d’Organisations Islamiques en Suisse (FOIS) et Farhad Afshar, président de la Coordination des Organisations Islamiques Suisses (COIS) soulignent à kath.ch que le fait même de la création du Conseil a une grande valeur symbolique.
Pour Montassar BenMrad, cela a démontré «que les trois religions monothéistes présentent des positions communes sur de nombreux sujets «. Fahrad Afshar tient à rappeler l’un des points clé du mandat du Conseil selon lequel «nous ne serons pas instrumentalisés», ni par les intérêts des groupes politiques, ni par les partis, ni par les Etats.
Herbert Winter, président de la Fédération suisse des communautés israélites (SIG), se réjouit également «que nous ayons réussi à établir la confiance mutuelle et le respect -. Malgré toutes les différences».
Markus Büchel, qui a été, en tant que président de la Conférence des évêques suisses (CES), membres du Conseil pendant trois ans, décrit ces années principalement comme un temps de «repérage, de développement et de positionnement envers la société, les communautés religieuses et l’Etat.»
Autant Mgr Büchel que Fahrad Afshar évoquent des discussions vives et difficiles au sein du Conseil, sur certains thèmes, tels que l’interdiction des minarets, les attentats de Paris, ou encore l’antisémitisme en Suisse.
Harald Rein, évêque de l’Eglise catholique chrétienne, lance une question fondamentale, en se demandant s’il serait possible que le Conseil formule un code éthique commun.
Tous les représentants interrogés ont en tout cas confirmé à kath.ch l’intention du Conseil de se profiler davantage dans l’espace public. «Il est important pour influencer la société d’être perçu comme un organe important, également du point de vue de la politique», affirme Mgr Büchel.
Kath.ch note que Mgr Charles Morerod, actuel président de la CES, n’est membre du Conseil suisse des religions que depuis début 2016, et qu’il ne pouvait pas prendre position sur le sujet. (cath.ch-apic/com/kath/sys/rz)
Raphaël Zbinden
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