Sur les dizaines de millions de chrétiens vivant en Chine, en grande majorité protestants, le nombre des croyants orthodoxes est quant à lui évalué à 10’000, selon l’AFP.
L’histoire de l’orthodoxie en Chine est étonnante, souligne le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou (DREE): les premiers orthodoxes sur le territoire de ce pays étaient des Russes.
«De génération en génération, leurs descendants de sang russe se faisaient moins nombreux, mais la foi orthodoxe demeurait. Ensuite, d’autres groupes ont rejoint cette communauté, et c’est ainsi qu’est apparu ce phénomène étonnant qu’est l’Eglise orthodoxe nationale de Chine, dont les membres sont des patriotes de leur pays, mais croient au Christ et observent tous les rites orthodoxes».
En accueillant les pèlerins chinois à l’Institut des Hautes Etudes Saints-Cyrille-et-Méthode à Moscou, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a rappelé aux pèlerins orthodoxes venus de Chine qu’ils étaient en partie des descendants des défenseurs de la forteresse russe d’Albazine, située sur le fleuve Amour. Ils avaient été faits prisonniers par les armées de l’empereur de Chine et transportés à Pékin au XVIIe siècle. Ils conservèrent la foi orthodoxe et surent la transmettre à leurs descendants restés en Chine. Ceci fut en grande partie possible grâce aux efforts des missions russes, régulièrement envoyées à Pékin avec l’accord de l’empereur de Chine.
En 1900, plus de deux cents Chinois orthodoxes, pour une grande part descendants des défenseurs d’Albazine, furent tués pendant la révolte des Boxers, société secrète qui voulait chasser de Chine les colons étrangers et qui fit le siège des légations étrangères présentes à Pékin.
En 1954, la mission russe en Chine fut supprimée, et deux ans plus tard, le Patriarcat de Moscou accorda à l’Eglise orthodoxe de Chine un statut d’autonomie. Les descendants des cosaques d’Albazine étaient majoritaires parmi les membres du clergé orthodoxe chinois ordonné durant les années 1950. Ils conservèrent leur foi même durant les années de la Révolution culturelle.
Aujourd’hui, note le Patriarcat de Moscou, on compte en Chine plusieurs centaines de descendants des défenseurs d’Albazine, résidant à Pékin, Shanghai, Wuhan, Harbin, etc. Jadis qualifiée de «Paris de l’Est» pour sa population cosmopolite, la ville de Harbin comptait des dizaines de milliers de Russes et plus de vingt églises orthodoxes.
Après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois en 1949, de nombreux Russes ont fui ou ont été rapatriés et les fidèles sont entrés dans la clandestinité, tandis que les édifices religieux étaient détruits pendant la Révolution culturelle. Les cultes orthodoxes ont repris en 1980, après la mort de Mao.
L’Eglise orthodoxe russe, qui travaille à obtenir une normalisation de la situation de l’Eglise orthodoxe autonome chinoise, est particulièrement attentive à leurs besoins spirituels. En 2013, durant sa visite en Chine, le patriarche Cyrille de Moscou avait invité les descendants d’Albazine à se rendre en Russie. (cath.ch-apic/mospa/com/be)
Jacques Berset
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