En mars 2014, le pape François formulait le vœu que la femme soit «plus présente dans les lieux de décision de l’Eglise». Interrogé en marge de la conférence de presse, son plus proche collaborateur est allé plus loin : «Quels rôles au sommet de l’Eglise ? Devenir pape ? Ou Secrétaire d’Etat ? En soi, une femme pourrait remplir le rôle de Secrétaire d’Etat, qui n’est pas lié aux sacrements et au sacerdoce».
D’un point de vue théologique ou canonique, une femme pourrait-elle, demain, être nommée Secrétaire d’Etat à la place du cardinal Pietro Parolin ? Selon un canoniste interpelé par I.MEDIA, en effet, «aucune des responsabilités du Secrétaire d’Etat n’est liée au sacerdoce ministériel», la fonction étant essentiellement administrative. En mai 2015, le pape François avait assuré par ailleurs que les femmes pouvaient, dans certains cas, être chef de dicastère, mais que ce serait du «pure fonctionnalisme», invitant davantage à approfondir la théologie de la femme.
Le cardinal allemand Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, expliquait ainsi, en mars 2014, dans le quotidien de l’épiscopat italien Avvenire, que certains dicastères n’étaient pas liés au «pouvoir de juridiction du ministère ordonné», citant en exemple les conseils pontificaux ou encore les bureaux dédiés à l’administration, aux affaires économiques, ou les tribunaux.
Qu’en est-il de la Secrétairerie d’Etat ? La Constitution Pastor Bonus sur la curie romaine (1988) prévoit que ce dicastère soit présidé par «le cardinal Secrétaire d’Etat».
Or, le cardinalat n’est pas forcément lié au sacerdoce. En novembre 2013, un débat médiatique avait agité le Vatican autour de la possibilité que le pape nomme des femmes cardinales. Le père Federico Lombardi, directeur du Bureau du Saint-Siège, avait démenti mais reconnu qu’une telle nomination était «théologiquement et théoriquement» possible. En 1858, Théodulfe Mertel, un laïc, a été créé cardinal par Pie IX. De fait, jusqu’en 1917, la pourpre cardinalice était un titre honorifique, non réservé aux prêtres ou aux évêques, qui pouvait être attribué à des hommes laïcs.
Le pape François avait cependant calmé les débats dans une interview au Corriere della Sera, en décembre 2013 : «C’est une plaisanterie (…). Les femmes doivent être valorisées, pas ›cléricalisées’». Son plus proche collaborateur vient, en creux, de relancer le débat. Selon l’article 351 du droit canon, le cardinalat est, pour l’heure, réservé aux évêques. Une règle qui a souffert cependant quelques exceptions, pour des prêtres. (cath.ch/imedia/bl/ak/mp)
Maurice Page
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