Dans la cohue des allées de Palexpo, où trouver Dieu? Entre les piles de livres, les stands des éditeurs, les espaces culturels, les lieux de débats, les endroits dévolus à la restauration, où est-il? La halle résonne de mille bruits, d’annonces, de cris de jeunes courant en tous sens, d’interpellations diverses. Des auteurs, studieux, dédicacent leurs ouvrages. Ambiance de Salon, animé et touche à tout.
Un coup d’œil sur la liste des exposants: tiens, les Editions des Béatitudes. Un éditeur catholique français… Mais pas de trace de Saint-Augustin, de Bayard, de Mame, de Parole et Silence, autres éditeurs cathos. Premier contact avec Eric Caboussat de Cabédita.
Alors, et Dieu? «Il est là!», assène, triomphant, l’éditeur de Yens (VD). Et de montrer son rayon religieux: des livres récents sur l’Apocalypse, le Notre Père ou les dominicaines d’Estavayer. «Zut, vous venez juste de rater Michel Grandjean…»: l’auteur genevois vient d’écrire sur la Réforme.
Chez Cabédita, les auteurs maison sont présents. L’abbé Jacques Rime signe son dernier opus, 25 balades au Pays de Fribourg entre espace et sacré. A la même table, Thierry Lenoir et Georges Glatz, auteurs du Chant d’amour. Variations sur le Cantique des cantiques. Bon, Dieu est bien là…
Juste à côté, la Ligue pour la Lecture de la Bible. Elle s’est associée avec Vie et Santé, une branche de l’Eglise adventiste. Sur les tables, La Bible pour les femmes, Van, le combat de l’amour (la vie du rédemptoriste vietnamien Marcel Van) en manga, des livres pour les enfants, une maquette de l’arche de Noé côtoient des ouvrages consacrés à la santé. Curieux mélange, non? «L’Eglise adventiste a toujours été sensible au thème de la nutrition, explique Yolande Grezet, libraire de Vie et Santé à Renens. Nous avons donc un stand commun, qui marche bien».
Plus loin, «La Bonne Semence, librairie chrétienne», arbore fièrement le christianisme. Des bibles en polonais, en bulgare, en turc, en grec, en croate. D’autres livres aux titres éloquents: Qui est Jésus?, Jésus-Christ, le sauveur annoncé, ou Je croyais en Issa, j’ai rencontré Jésus. «Nous sommes présents au Salon chaque année, indique le responsable. C’est une initiative privée évangélique. Au départ, c’était une idée de M. Favarger, le fabricant de chocolat. Et ça marche toujours: on vend beaucoup de bibles».
Le stand, large, agréable, propose des calendriers bibliques gratuits, des jeux de familles bibliques. Plus loin, une vieille presse attire l’œil et l’oreille. Une démonstration d’impression à l’ancienne sur la presse de Gutenberg. Comme au 16e siècle, des versets bibliques sont imprimés à la main. «La Bible est le livre le plus lu et le plus répandu au monde, explique le presseur en actionnant son grand manche en bois. Il fallait sept ans, à l’époque, pour imprimer une bible complète. Pour vous donner une idée, ça représente 200’000 francs en valeur d’aujourd’hui…». Bon, les évangéliques sont des fidèles du Salon.
Plus loin, la Place du voyageur. Et un espace spiritualité, entre les guides de voyage et les albums de photos. Le taoïsme, Confucius, le dalaï lama donnent une note exotique. Mais sont aussi présents, discrètement, les missions jésuites d’Amérique du Sud, les cathares et les Templiers. De superbes ouvrages d’art vantent L’Ethiopie, la ferveur et la foi, et Venise, l’art et la foi. Le voyage est donc propice à la découverte spirituelle.
La Pavillon des cultures arabes, dans l’espace voisin, aligne les ouvrages sur l’islam: De l’islam expliqué aux enfants au Gouvernement divin en passant par les Lectures du Coran, le champ est vaste. Ici Dieu s’habille aux couleurs d’Allah. Les motifs islamiques ou la série d’Arte TV sur Le Coran, aux origines du livre complètent le tableau.
La Cicad, la Cordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation, promeut la culture juive, en plein centre de Palexpo. Des livres sur la foi juive? «Attendez, je vais regarder…». La charmante hôtesse trouve Symboles du judaïsme et Invitation au Talmud: ce sont les deux seules publications disponibles. «Désolée…». Le stand est davantage orienté sur la Shoah.
Et Actes Sud, grand de l’édition française (plus de 600 titres par an)? Le stand, immense, déborde d’ouvrages de toutes sortes. «Vous avez des livres qui parlent de Dieu?» «Ce n’est pas notre créneau, On fait plutôt des polars, des roman, de la BD…», répond une des responsables. Ah bon, il y a tout de même Le Sacré, du théologien allemand Rudolf Otto, un best-seller de la littérature religieuse.
Alors Dieu au Salon? Il y est, ostensiblement ou discrètement. Cette présence spirituelle semble naturelle. Car Dieu n’est-il pas – dans sa version monothéiste – celui des religions du Livre? (cath.ch-apic/bl)
Bernard Litzler
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