Les «Orientations diocésaines pour une pastorale catéchétique renouvelée», décrites dans un document de 25 pages, entreront en vigueur pour l’année 2017-2018. Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion, a souhaité ce temps d’échange avec les responsables locaux, suivi d’une consultation des secteurs qui permettra d’affiner le projet, «sans pour autant le remettre en cause», insiste Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse.
L’abbé Pierre-Yves Maillard et Véronique Denis, responsable du Service diocésain de la catéchèse (SDC), ont présenté à une quarantaines de représentants, prêtres et laïcs, des secteurs francophones du diocèse, les douze propositions d’une «catéchèse d’ensemencement» voulue par Mgr Lovey. «Il s’agit d’harmoniser, non d’uniformiser la catéchèse paroissiale», insiste Pierre-Yves Maillard qui parle d’un projet «novateur et audacieux dans lequel il y a du neuf pour tous». Cette catéchèse diocésaine harmonisée dans ses exigences, son contenu tourne autour de trois axes.
Le sacrement du pardon, la communion et la confirmation sont ramenés sur trois ans (contre six ans auparavant), respectivement de huit à onze ans, dans les classes de 5H (Harmos), 6H et 7H. La préparation, tantôt pour les enfants seuls, tantôt avec leurs parents, est répartie en quatre rencontres annuelles. Une certaine souplesse est admise pour les familles de plusieurs enfants rapprochés qui voudraient cheminer ensemble. Une inscription unique est possible pour les enfants au début du parcours et les accompagnants ont la possibilité de suivre le même groupe plusieurs années. Cette concentration de l’initiation chrétienne dans l’enfance laisse ainsi de la place aux adultes et à la communauté, la commission et l’évêque estimant que la catéchèse n’est pas réservée aux seuls enfants.
«Il s’agit d’harmoniser et non d’uniformiser la catéchèse paroissiale»
«Cela permet un recentrage de la catéchèse sur les adultes à travers le mariage et le baptême de leurs enfants», analyse Christophe Allet, agent pastoral à Vouvry et membre de la commission qui a planché sur le projet. Quatre rencontres sont ainsi prévues pour les adultes se préparant au mariage. Concrètement les futurs époux rencontreraient le prêtre deux fois et complèteraient ces entretiens par des soirées de préparation au mariage telles que les «Soirées avant le ›oui’», ou des soirées au Centre de préparation au mariage (CPM). La catéchèse prévoit en outre quatre rencontres pour le baptême. «Les parents reçoivent dans le sacrement de mariage la grâce et la responsabilité de l’éducation chrétienne de leurs enfants», rappelle le Directoire général pour la catéchèse.
La dimension communautaire de la catéchèse a aussi été prise en compte avec quatre rendez-vous annuels de catéchèse «paroissiale intergénérationnelle». La proposition n° 9 de ces orientations diocésaines insiste sur l’aspect communautaire que doit revêtir la catéchèse à travers, par exemple, la réunion des communautés, toutes générations confondues autour d’un thème, d’une question abordé lors d’un repas, d’un pèlerinage, d’une journée de secteur. «La catéchèse paroissiale n’est pas seulement un enseignement qui ›descend’ du prêtre. Elle doit se vivre et se partager en communauté», précise Christophe Allet. Selon Véronique Denis, cette catéchèse devrait impliquer les conseils de communauté dans l’organisation de telles journées.
Le document encourage les «mouvements pour une catéchèse d’éveil» avant les trois ans d’initiation, sous la forme de l’Eveil à la foi, de l’école de la Parole et de la Prière. Il met en avant, entre autres mouvements dédiés aux jeunes, le Mouvement d’Apostolat Des Enfants et Préadolescents (MADEP), les groupes Relai et Relai XXL qui permettront d’approfondir par la suite cette initiation. Les fenêtres catéchétiques, ces journées de religion prises sur le temps scolaire, ne sont pas concernées par ces nouvelles orientations. «Elles peuvent tout à fait entrer dans le cadre de la catéchèse, au titre d’une des quatre rencontres concernant l’une ou l’autre catégorie de paroissiens citée dans le projet», explique Pierre-Yves Maillard qui évoque une fenêtre catéchétique consacrée par exemple à la préparation à la première communion.
Cette catéchèse a été dans l’ensemble favorablement accueillie. Elle est perçue comme «une joie de sortir de la routine devant les défis à relever». Le «rééquilibrage» de la catéchèse vers les adultes et les communautés paroissiales est considéré par certains comme «une chance de recréer du lien avec des personnes non ›catéchisées’».
Des inquiétudes ont aussi été exprimées, notamment sur l’âge jugé parfois trop jeune de la confirmation, induisant la perte du rite de passage que représente ce sacrement et donc la question de savoir ce qu’il advenait ensuite de ces jeunes, sur le plan pastoral. Il a été proposé de mettre en place une Profession de foi pour les jeunes de seize ans. Certains craignent que cette concentration sur trois ans génère une surcharge de travail pour les catéchistes qui préparent les enfants aux sacrements d’initiation. D’autres ont pointé l’absence de lien entre ces rencontres de catéchèse et la messe dominicale, «pourtant lieu central de l’évangélisation».
Le projet a par ailleurs suscité beaucoup de questions, sur le contenu et la durée de ces journées de catéchèse, toute catégories confondues, et sur leur mise en place. Les forces disponibles, peu nombreuses dans certains secteurs, pour mettre ce projet en œuvre, sont une source d’inquiétude exprimée parmi les réactions.
«Une chance de recréer du lien avec des personnes non ›catéchisées’»
Pierre-Yves Maillard a pris acte de ces remarques et a annoncé la reprise des questions de transition et de mise en œuvre par la commission. Il a rappelé que ces orientations entraient en vigueur pour l’année 2017-2018, les paroisses bénéficiant de cette période pour s’organiser. Il a d’emblée accepté un délai supplémentaire pour une consultation des communautés. De mi-juin, la date butoir serait repoussée à mi-octobre, «une prolongation conditionnée à la réponse de l’évêque sur cette demande», prévient le vicaire général.
«La commission va continuer à travailler», a pour sa part assuré Véronique Denis. Elle indique que le délai imparti pour la mise en place de cette catéchèse paroissiale laissait le temps à la commission de mettre en place les outils pédagogiques catéchétiques qui seront mis à disposition des paroisses par la suite.
«Il s’agit d’une orientation générale, nous donnons le cadre mais sans imposer les détails, notamment de mise en œuvre», explique la responsable du SDC. Il est impossible d’imposer un mode unique de fonctionnement, tant les réalités sont diverses entre les paroisses des centres urbains et celles situées en montagne. «Nous réfléchissons aux grandes orientations, nous ne sommes pas encore dans une phase de mise en œuvre», renchérit Christophe Allet.
«Un véritable travail synodal!»
«Nous avons travaillé dans un bon esprit. Ce fut un véritable travail synodal!», lance Véronique Denis. La Commission diocésaine de catéchèse paroissiale (CDCP) qui a planché sur le projet, rassemble des personnes des secteurs de tous les âges, prêtres et laïcs. «Des agents pastoraux en première année d’exercice ont échangé avec des homologues ayant 15 à 20 ans d’expérience», détaille la responsable du SDC.
Ils se sont retrouvés tous les deux mois pour débattre sur le texte rédigé par Pierre-Yves Maillard. Ce dernier rendait compte à l’évêque des réunions. Le projet était retravaillé au gré des rencontres. En marge de la commission, un bureau composé de quatre membres s’est retrouvé mensuellement. Mgr Lovey a amendé et avalisé le projet le 21 mars 2016.
Les dernières directives diocésaines au sujet de la catéchèse remontent à 1994 et à 1996. Par la suite, la démarche synodale du »Forum 4 5 6» a aussi reconnu dans la pastorale catéchétique une priorité diocésaine. A l’époque, priorité a été donnée à la préparation à la confirmation et à une catéchèse de ›cheminement’. Mgr Norbert Brunner alors évêque du diocèse de Sion, a introduit, en 2010, une période expérimentale de cinq ans au terme de laquelle le bilan devait être établi. ce qui fut le cas le 27 avril 2015. (cath.ch-apic/bh)
Bernard Hallet
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