Lors d’une audience de 3h30 dans la petite salle du Tribunal du Vatican, Stefano Fralleoni a été pressé de questions par le procureur sur la tenue de réunions «secrètes» dans le bureau de Mgr Vallejo Balda. Ce dernier est accusé, avec l’Italienne Francesca Chaouqui, d’avoir transmis à des journalistes des documents confidentiels sur les finances du Vatican.
Stefano Fralleoni a indiqué que Mgr Vallejo Balda rencontrait à huis clos la spécialiste en relations publiques qui avait selon lui une grande influence sur le prélat, mais aussi son assistant Nicola Maio et un autre membre de la préfecture, Mgr Alfredo Abondi. S’il n’a pas su dire l’objet de ces réunions fréquentes, il a reconnu qu’elles pouvaient avoir trait aux travaux de la Commission pontificale d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège (COSEA).
Ce premier témoin de l’accusation a indiqué que Mgr Vallejo Balda avait fait polycopier d’épais documents sur les finances de la Congrégation des causes des saints, tout comme des relevés de comptes des dicastères de la curie romaine en provenance de l’IOR, et les bilans financiers des basiliques papales. Il s’est étonné de la destination de ces photocopies, arguant que ces documents étaient déjà en possession du prélat, à la fois secrétaire de la préfecture et de la COSEA.
Celui qui était jusqu’à récemment le plus haut responsable laïc de la Préfecture pour les affaires économiques a également évoqué le changement d’attitude du secrétaire de l’institution, Mgr Vallejo Balda, dès la naissance de la COSEA au début de l’été 2013. Il a fait part des «manifestations violentes» du prélat espagnol à l’égard des employés.
Selon Stefano Fralleoni, Mgr Vallejo Balda aurait publiquement accusé les employés de l’institution d’être «incapables et fainéants». Poussé par deux avocats, il a cependant reconnu avoir été suspendu de ses fonctions fin octobre 2015, en raison d’autres activités au sein de fondations italiennes. Coïncidence surprenante, Mgr Vallejo Balda a signé sa suspension quelques jours à peine avant d’être lui-même arrêté par la Gendarmerie vaticane.
La longue audition a été marquée par ailleurs par des épisodes de tension, ainsi que par des éclats de rire provoqués par les réflexions parfois ironiques du président du tribunal. Le procureur a vivement déploré le va-et-vient incessant des accusés vers leurs avocats, déclenchant la colère de Francesca Chaouqui, enceinte de près de neuf mois. «Nous ne sommes pas dans un procès américain», a lancé le président alors que Francesca Chaouqui et son avocate protestaient après d’autres affirmations du procureur. D’autres témoins seront entendus le 28 avril prochain. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)
Raphaël Zbinden
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