Après avoir interrogé les cinq inculpés, la cour va désormais entendre les témoins, ceux de l’accusation comme ceux de la défense, parmi lesquels pourraient figurer deux cardinaux d’envergure – le secrétaire d’Etat Pietro Parolin et le président de la commission de surveillance de l’IOR Santos Abril y Castellò -, mais aussi l’aumônier pontifical Mgr Konrad Krajewski, ou encore des personnalités publiques italiennes.
Au fil des neuf premières audiences, il est apparu que la fuite de documents confidentiels, à l’initiative de l’ancien secrétaire de la Commission pontificale d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège (COSEA) Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, aurait été motivée par le sentiment de frustration de celui-ci et de son amie de l’époque, Francesca Chaouqui.
Malgré leur proximité avec le pape, ils ont en effet été écartés au terme des travaux de la COSEA et à la naissance du Secrétariat pour l’économie. Les journalistes Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi, auteurs de livres à succès sur les finances vaticanes, ont assuré quant à eux avoir simplement fait leur travail.
Dans la petite salle du Tribunal du Vatican, au rez-de-chaussée d’un petit palais situé à quelques centaines de mètres à peine de la résidence du pape, les journalistes qui ont assisté aux différentes audiences ont été surpris par le climat à la fois grave et vaudevillesque dans lequel se déroule ce procès. Sous les stucs dorés de la salle d’audience et face à un buste de Pie XI à qui l’on doit la naissance de l’Etat du Vatican, siège le président du tribunal.
A 73 ans, Giuseppe Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto manie parfois l’ironie ou reprend d’une voix ferme les inculpés. «Madame, le tribunal n’est pas une scène de spectacle», lance-t-il par exemple à Francesca Chaouqui qui lui tient tête. Au-dessus de lui trône un crucifix. Un portrait du pape François est accroché, quant à lui, sur un côté de la salle.
A côté du président du tribunal, un vieux juge s’enfonce peu à peu dans son haut fauteuil et semble s’assoupir dans le décor quasi monacal de cette salle d’audience au mobilier sombre et aux murs jaunes. Dans ce décor, il n’est pas rare que l’un des accusés se lève et aille glisser quelques mots à l’oreille de son avocat.
Alors que Francesca Chaouqui raconte ses rapports avec Mgr Vallejo Balda, le prélat espagnol n’a de cesse de lever les yeux au ciel, en signe d’exaspération. Un autre accusé, depuis son banc, fait de grands gestes de protestation lorsqu’il est mis en cause. Quant à Francesca Chaouqui, enceinte de près de huit mois, elle se tient debout derrière sa chaise, incapable de rester en place. (cath.ch-apic/imedia/ami/be)
Jacques Berset
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