Parmi les quinze signataires de la lettre figurent les évêques Patrick Power et William Morris d’Australie, le théologien moral américain Charles Curran, le présentateur de la BBC radio, le Père Brian Darcy, ainsi que le Père Roy Bourgeois, prêtre de Maryknoll excommunié pour son implication dans l’ordination d’une femme en 2008.
Dans sa lettre au pape, le groupe dénonce le fait que la CDF agisse comme «enquêtrice, accusatrice, juge et jury». Un tel processus obsolète, qui suit l’absolutisme de l’Europe des XVIe et XVIIe siècles, ne peut pas garantir la justice.
Les signataires dénoncent au passage la ‘grossièreté pure’ et le manque de politesse et de charité chrétienne du personnel de la CDF qui fait traîner les procédures, dans le but de briser la résistance des accusés. Les personnes sous enquête de la CDF se trouvent embarquées dans un processus d’isolement épuisant ce d’autant plus qu’elles sont souvent suspendues de leur ministère. «Des personnes extrêmement malades ou mourantes ont été mises en examen et forcées de répondre à des accusations souvent stupides», déplore la lettre.
Les signataires suggèrent une nouvelle procédure avec une plus grande transparence et responsabilité. Elle devrait également imposer des délais à toute enquête et une communication personnelle directe entre l’accusé et la congrégation vaticane. Selon l’un des signataires, l’historien et auteur australien Paul Collins, le processus actuel ne fait aucun cas de la présomption d’innocence et les accusés ignorent qui les accuse et qui les juge. Ils n’ont généralement pas la possibilité de se défendre verbalement en personne. Leurs lettres restent sans réponse pendant des mois ou sont perdues, a-t-il critiqué.
Le groupe propose un processus ouvert mené par un comité d’experts entièrement séparé de la CDF. Ce comité serait mis en place par le Secrétariat du Synode des évêques en consultation avec la personne sous enquête. Le comité ferait ensuite une recommandation finale au Synode des évêques et au pape.
L’objectif est d’éviter certains des «pires aspects» des procédures d’enquête actuelles, en particulier les dénonciations anonymes. Les consultants désignés devraient être nommés afin que leurs qualifications puissent être examinées. Les signataires soulignent aussi la nécessité de traiter directement avec la personne sous enquête sans passer par un réseau d’évêques ou de supérieurs religieux qui parfois sont les dénonciateurs eux-mêmes. Le nouveau processus impliquerait l’accusé et ses avocats dès le début de l’enquête pour éviter les interprétations injustes des consulteurs à partir de phrases ou d’opinions prises hors contexte.
La lettre adressée à la CDF à fin février 2016 n’a pour l’heure reçu aucune réponse ni même accusé de réception. (cath.ch-apic/mp)
Maurice Page
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