La plus récente affaire concerne les révélations, faites sur le média France Info, d’un ancien élève du collège-lycée Franklin, dans le 16e arrondissement de Paris, sur les attouchements qu’il a subis de la part d’un prêtre de l’établissement géré par les jésuites, en 1953. La victime, aujourd’hui âgée de plus de 70 ans, a appelé l’ordre à «faire toute la lumière» sur les agissements du prêtre.
La province de France de la Compagnie de Jésus a convoqué le 19 avril 2016 une conférence de presse sur le cas de Jean-Pierre Martin-Vallas. Le Père Jean»«Yves Grenet, provincial de France, a expliqué au quotidien français La Croix qu’il n’avait su que faire lorsqu’il a été informé des faits, en 2010. Le jésuite mis en cause, en poste dans cet établissement prestigieux de 1946 à 1977, était décédé en 2000. Après avoir échangé avec Jean-Pierre Martin-Vallas, puis tenté d’en apprendre plus sur les agissements du prêtre, le Père Grenet n’était pas parvenu à se faire une opinion. «J’étais démuni. J’ai adopté plutôt une attitude passive; je n’ai pas été adroit», a-t-il admis.
Ce n’est en effet que quatre ans après la connaissance des faits, en 2014, que la province de France a mis en place un «Groupe d’accueil et de veille pour les situations d’abus sur les personnes, dont la pédophilie«. La mise en place de cette commission ne s’est faite qu’après que Jean-Pierre Martin-Vallas ait écrit à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), puis au pape François lui-même.
Depuis 2014, Jean-Pierre Martin-Vallas demande à la Compagnie de Jésus d’avertir massivement les anciens élèves afin que d’autres éventuelles victimes se fassent connaître. Il exige également que la congrégation fasse «une vraie lumière» sur les affaires de pédophilie dans tous les établissements jésuites de France . Lui-même a contacté 1’000 anciens élèves et reçu dix témoignages remontant aux années 1960 qui confirment les agissements pédophiles du prêtre jésuite.
Le Père Grenet a ainsi assuré que l’ordre allait agir pour rechercher et éventuellement aider les victimes, même si la manière de procéder n’est pas encore établie. Il souhaite agir en concertation avec les services qui se mettent en place au sein de la Conférence des évêques de France (CEF).
L’affaire du collège jésuite survient en même temps qu’une autre touchant le diocèse d’Orléans. L’évêque, Mgr Jacques Blaquart, a révélé lors d’une conférence de presse, le 18 avril, avoir retiré ses derniers ministères à un prêtre mis en examen en 2012 pour des actes de nature pédophile. Concernant une dizaine d’attouchements sur des mineurs d’une douzaine d’années, les faits se seraient produits à l’occasion d’un camp où ce prêtre officiait en tant qu’aumônier, en 1993, a expliqué Mgr Jacques Blaquart. L’évêque d’Orléans avait été contacté par une victime en 2011 et avait immédiatement saisi la justice. Le prêtre accusé a reconnu les faits.
Les prédécesseurs de Mgr Blaquart avaient apparemment déjà pris «des mesures conservatoires» contre l’abbé, aujourd’hui âgé de 65 ans, pour éviter qu’il soit seul en contact avec des jeunes, mais ils n’avaient pas porté plainte. Mgr Blaquart a reconnu, de son côté, avoir mis trop de temps à mettre totalement fin aux fonctions de l’aumônier, pourtant mis en examen. Ce dernier sera probablement jugé en 2017.
Divers médias mettent néanmoins en avant que le diocèse d’Orléans est en avance dans le traitement et la transparence des cas de pédophilie. Bien avant les mesures annoncées par la CEF, le diocèse, à la demande de Mgr Blaquart, a été le premier à mettre en place une cellule d’écoute pour les victimes de prêtres abuseurs.
Une troisième affaire a surgi ces derniers jours à Montauban, dans le sud-ouest de la France. L’ancien évêque du lieu, Mgr Bernard Housset, a reconnu avoir, dans les années 2000, constaté un «comportement pas digne d’un prêtre» de la part d’un ex-prêtre du Tarn-et-Garonne visé par une enquête préliminaire. Les informations dont il disposait avaient convaincu Mgr Housset de lui retirer son ministère.
Ces cas surgissent alors que l’Eglise en France est éclaboussée depuis quelques semaines par des accusations portées contre le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Accusé d’avoir maintenu en poste des prêtres dont il connaissait le passé pédophile, le primat des Gaules a cependant toujours nié avoir couvert des abus.
Face aux critiques, les évêques de France ont annoncé le 12 avril de nouvelles mesures pour lutter contre la pédophilie. La CEF s’est engagée à faire «toute la lumière» sur tous les cas d’agression même anciens. Des cellules d’écoute seront en outre mises en place dans tous les diocèses, ainsi qu’une commission nationale indépendante, présidée par un laïc. (cath.ch-apic/ag/cx/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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