Au terme de son bref et intense déplacement sur l’île grecque de Lesbos, le pape François est rentré en Italie avec trois familles de réfugiés syriens, une douzaine de personnes au total, toutes musulmanes. «C’est comme un beau rêve», confie cette femme âgée de 30 ans, ingénieur agronome et microbiologiste notamment formée en France. Arrivée à bord d’un bateau pneumatique sur l’île de Lesbos, après douze jours de voyage entre la Syrie et la Turquie, Nour n’en revient toujours pas d’être en Italie où elle compte bien apprendre l’italien afin de «bien s’intégrer dans la société», puis trouver un travail et continuer sa thèse en microbiologie.
Nour ne cache pas son admiration pour le geste du pape François. Elle dénonce en revanche l’inaction des pays arabes et des leaders musulmans. «Aucun religieux musulman n’a fait la même chose, assure-t-elle, ils ont pourtant de l’argent, et les pays du Golfe en particulier ont les moyens d’accueillir les réfugiés syriens, mais aucun n’a fait la même chose».
La jeune femme a aussi un message pour l’Europe. «Nous ne sommes pas des terroristes, nous ne sommes pas des djihadistes, confie-t-elle, le peuple syrien est un peuple très gentil, un peuple mixte entre chrétiens et musulmans qui ont vécu tous ensemble, avant la guerre».
Alors que certains s’interrogent sur le choix du pape de ne rapatrier que des familles musulmanes, Nour reprend les propos du chef de l’Eglise catholique aux journalistes, dans l’avion du retour. Il avait alors invité à ne pas faire de distinction entre les «enfants de Dieu». Le pape avait aussi assuré que ces réfugiés avaient des «papiers en règle».
Diplomatiquement, le pape François voulait ainsi souligner que ces réfugiés étaient arrivés à Lesbos avant l’entrée en vigueur de l’accord contesté entre l’Union européenne et la Turquie, fermant la frontière avec la Grèce. Deux familles chrétiennes étaient aussi susceptibles de partir mais, en raison de leur date d’arrivée à Lesbos, n’ont pu être retenues. Au Vatican, on rappelle que deux autres familles chrétiennes sont accueillies depuis plusieurs mois par les paroisses du petit Etat.
En charge des migrations pour la Communauté Sant’Egidio, Daniela Pompei explique par ailleurs que les familles de réfugiés ont passé un entretien avant le départ. Les trois familles arrivées à Rome sont désormais prises en charge, au cœur de la ville, par cette communauté catholique, et les frais sont couverts par le Vatican. Dès le lendemain de leur arrivée, les réfugiés syriens ont pris leur premier cours d’italien, dans une école tenue par Sant’Egidio. Ils s’apprêtent à faire une demande d’asile sur le sol italien. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp) I
Maurice Page
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