Le chef de l’Eglise catholique fait ainsi «un geste d’accueil» à l’égard des réfugiés qui ont pris le même avion que lui, a précisé le Père Federico Lombardi dans un communiqué.
Les réfugiés seront accueillis et soutenus par le Vatican en lien avec la communauté catholique de Sant’Egidio, a précisé le porte-parole du Vatican. Issus de trois familles originaires de Damas et de Deir ez-Zor, ville occupée par l’organisation terroriste Daech, ces Syriens musulmans ont vu leurs maisons bombardées. Ils étaient arrivés sur l’île grecque, dans les camps d’accueil, avant l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie pour limiter l’arrivée des migrants, a ajouté le Père Lombardi. «L’initiative du pape», a-t-il aussi expliqué, été réalisée par l’intermédiaire de la Secrétairerie d’Etat et des autorités grecques et italiennes.
Si ce geste symbolique fort survient au terme d’une visite très médiatisée sur l’île de Lesbos où affluent les migrants par la mer Egée, ce n’est pas la première fois que le pontife argentin ouvre les portes du petit Etat à des réfugiés. Déjà en septembre dernier, il avait annoncé que les deux paroisses du Vatican accueilleraient ainsi des familles. Peu après, il avait lui-même rencontré la famille syrienne accueillie par la paroisse Sainte-Anne.
Lors des récentes festivités pascales, les réfugiés avaient déjà été au cœur des préoccupations de l’évêque de Rome: après avoir lavé les pieds de demandeurs d’asile lors de la messe de la Cène du Seigneur le Jeudi saint, le pape avait déploré, le Vendredi saint, que la mer Egée devienne, comme la Méditerranée, un «cimetière». Le jour de Pâques, il fustigeait «le refus de ceux qui pourraient offrir (aux migrants) un accueil et de l’aide».
Si les «inquiétudes des institutions et des personnes» sont «légitimes», face à l’afflux des migrants, l’Europe doit rester «la patrie des droits de l’homme», avait lancé le pape peu avant son décollage, lors d’une rencontre avec les habitants de l’île grecque de Lesbos et la communauté catholique de l’île, sur le port de Mytilène.
Le pape a aussi rendu hommage au peuple grec pour sa générosité dans l’accueil des migrants, et demandé de travailler pour supprimer les causes de la crise migratoire, notamment la prolifération et le trafic des armes et tout soutien au terrorisme.
Peu après avoir déjeuné avec huit réfugiés dans un container aménagé du camp de Moria, sur l’île de Lesbos, le pape François, toujours accompagné du patriarche Bartholomée 1er et de l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme II, s’est rendu sur le port de Mytilène. Dans un discours à la population locale et à la communauté catholique, il a fait part de son admiration au peuple grec, qui «en dépit des graves difficultés à affronter, a su tenir ouverts les cœurs et les portes». «Dieu saura récompenser cette générosité comme celle des autres nations (…) qui depuis les premiers moments ont accueilli avec grande disponibilité de très nombreux migrants forcés», a ajouté le pape qui a assuré: «Vous êtes des gardiens d’humanité».
«Les inquiétudes des institutions et des personnes, ici en Grèce comme dans d’autres pays d’Europe, sont compréhensibles et légitimes, a poursuivi le pape. Il ne faut cependant jamais oublier que les migrants, avant d’être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires». «L’Europe est la patrie des droits de l’homme, a-t-il souligné, et «quiconque pose le pied en terre européenne devrait pouvoir en faire l’expérience». Et le pape de formuler un appel «plein de tristesse» à la solidarité et à la responsabilité, en évitant d’élever des barrières qui créent divisions et conflits.
Le pape François a également souligné les «conditions critiques» dans lesquelles vivent les réfugiés sur l’île de Lesbos, et le «climat d’anxiété et de peur, parfois de désespoir en raison des difficultés matérielles et de l’incertitude de l’avenir». Les conditions de vie déplorables à l’intérieur du hotspot de Moria, transformé en centre de rétention, après l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, ont en effet conduit plusieurs ONG à quitter les lieux en signe de protestation. Amnesty international a déploré que les personnes détenues à Lesbos n’aient presque aucune information sur leur statut actuel et un accès limité à une assistance juridique.
Depuis le port de l’île d’où l’on voyait les côtes turques, le chef de l’Eglise catholique a appelé à travailler pour supprimer les causes de la migration forcée en développant des politiques de longue haleine, qui ne soient pas unilatérales. Le pontife argentin a exhorté à s’opposer avec fermeté à la prolifération et au trafic des armes, et de leurs réseaux souvent occultes. «Que ceux qui poursuivent des projets de haine et de violence soient privés de tout soutien», a-t-il ajouté. Souhaitant le succès du premier Sommet humanitaire mondial, qui aura lieu à Istanbul, les 23 et 24 mai prochains, le pape a aussi plaidé pour une collaboration entre pays et entre organisations humanitaires, «en soutenant celui qui fait face à l’urgence».
Au terme de son discours, les trois chefs chrétiens ont récité chacun une prière et ont observé une minute de silence en mémoire des victimes des migrations. Puis depuis le quai, ils ont lancé à la mer trois couronnes de fleurs offertes par des enfants. Le pape François est ensuite retourné à l’aéroport pour rentrer au Vatican. (cath.ch-apic/imedia/ak/bl/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/lesbos-pape-rentre-vatican-12-refugies-syriens/