Rappelant que le Brésil vivait, depuis la fin de la dictature (1964-1984) la plus longue période de démocratie de son histoire républicaine, les responsables de la CNBB, ont souligné que le pays était de nouveau confronté à une conjoncture extrêmement difficile, nourrie notamment par des scandales de corruption sans précédent. «Il est vrai que des scandales de cette nature ne sont pas nouveaux. Mais, souligne le communiqué, les révélations actuelles ont un impact dévastateur, notamment parce que les montants évoqués dépassent l’entendement pour une majorité de la population. Des chefs d’entreprise, des politiques, des fonctionnaires publics sont impliqués dans un système qui, en plus d’être immoral et criminel, atteint des sommes colossales».
Concernant le processus de destitution de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, dont le sort pourrait être scellé dimanche par un vote du Congrès, les responsables de la CNBB ont assuré qu’ils accompagnaient avec une grande attention ce processus. «Nous attendons des instances compétentes qu’elles respectent les obligations juridiques d’un État démocratique de droit», a relevé la CNBB. Une inquiétude qui donne encore plus de poids aux revendications de la CNBB et d’autres acteurs de la société civile, pour une réforme politique.
«Car qui paye pour la corruption?» s’interrogent les évêques. «Les pauvres sans aucun doute, ‘les martyres de la corruption’, comme l’a évoqué le Pape François». Les évêques réaffirment également que «comme pasteurs, nous sommes solidaires des souffrances du peuple». Pour les responsables de la CNBB, tous les soupçons de corruption doivent d’ailleurs continuer à faire l’objet d’enquêtes rigoureuses. «Les personnes accusées de tels délits doivent être jugées par les instances compétentes, tout en étant respectées dans leur droit à être défendues.» Le tout, «dans un souci de transparence qui puisse permettre aux institutions de regagner leurs crédibilité».
«La crise actuelle met en évidence la nécessité d’une authentique et profonde réforme politique, soulignent les évêques brésiliens. Cette réforme doit assurer une réelle participation populaire, favoriser l’indépendance des pouvoirs de la République, restaurer la crédibilité des institutions, garantir la gouvernabilité et garantir les droits sociaux» Rappelant que «la Nation requiert de la part de tous la nécessité de passer outre les intérêts personnels, partisans et corporatistes», la CNBB a insisté sur le fait que «la polarisation de positions idéologiques, dans un climat fortement émotionnel, peut engendrer la perte d’objectivité, amener à des divisions et des violences et menacer la paix sociale».
Face à cette crise éthique, politique, économique et institutionnelle par laquelle passe le pays, l’épiscopat brésilien enjoint d’ailleurs «le peuple brésilien à préserver les valeurs de cohabitation démocratique, de respect de son prochain, de tolérance et de pluralisme, en promouvant le débat politique avec sérénité. Les manifestations populaires pacifiques contribuent au renforcement de la démocratie. Dans cette optique, les moyens de communication ont un rôle important, celui d’informer et de former l’opinion publique avec fidélité et dans le respect de la vérité».
«Il faut croire dans le dialogue, dans la sagesse du peuple brésilien et dans le discernement des responsables pour trouver les chemins qui garantissent le dépassement de la crise actuelle et la préservation de la paix dans notre pays», conclut le communiqué. (cath.ch-apic/jcg/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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