Les partisans de l’érection de la statue soulignent que Montevideo abrite déjà un monument représentant Iemanja, une divinité africaine protectrice des femmes enceintes.
Malgré cela, de nombreuses voix se sont élevées dans le pays pour défendre le concept de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, note l’Associated Press, le 10 avril 2016.
L’Uruguay a en effet une ancienne tradition de laïcité. Déjà au début du 20e siècle, le président avait insisté pour que le mot «Dieu» soit écrit avec une minuscule dans ses textes relayés par les journaux. Le 25 décembre est également officiellement désigné comme «Jour des familles». Dans ce petit Etat coincé entre le Brésil et l’Argentine, 37% des habitants se déclarent sans confession. Seulement 42% des 3,3 millions d’Uruguayens se définissent comme catholiques, un chiffre très bas en comparaison des autres pays d’Amérique latine.
Les autorités de la capitale uruguayenne jugeront finalement, à une date encore indéterminée, du sort de la requête catholique. Cette dernière a trouvé un certain soutien au sein du Parlement national, où quatre députés de divers partis ont écrit une lettre ouverte en faveur de la statue. Le texte estime notamment que même un Etat se définissant comme laïc ne doit pas appliquer une «abstinence extrême» en matière de religion.
Le cardinal Daniel Sturla, archevêque de Montevideo, s’est dit surpris de cette résistance à l’érection de la statue. «Notre ville est certainement l’une des seules en Amérique latine et dans le monde chrétien à ne pas posséder d’image publique de la Vierge», a-t-il relevé.
Dans une critique des excès de la laïcité et de la sécularisation, le pape François a fustigé, le 12 avril 2016, la «grande apostasie» en cours dans le monde. (cath.ch-apic/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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