Samoa: Une jeune protestante aurait reçu les stigmates

Le cas d’une jeune femme protestante des îles Samoa prétendant avoir reçu les stigmates du Christ enflamme l’opinion publique du petit Etat du Pacifique. Le phénomène divise les habitants, notamment entre des protestants plutôt sceptiques et des catholiques souvent enthousiastes.

Toaipuapuaga Opapo Soana’i, âgée de 23 ans, incarnait le personnage de Jésus, dans une reconstitution de la crucifixion organisée à l’occasion des fêtes de Pâques par une école, le 27 mars, lorsque les spectateurs ont remarqué qu’elle se mettait à saigner des paumes des mains, du côté, du front et des pieds, rapporte le quotidien New Zealand Herald.

La jeune femme, qui est la fille du pasteur local, a expliqué aux médias qu’elle avait eu des visions, quelques jours avant Pâques.

Un phénomène hors de la tradition protestante

Les Samoans sont extrêmement divisés sur l’authenticité du phénomène, certains saluant un miracle, et d’autres parlant d’un canular.

Toaipuapuaga Opapo Soana’i appartient à l’Eglise chrétienne congrégationaliste des Samoa (CCCS), majoritaire dans l’archipel du Pacifique. Afereti Uili, secrétaire général de la CCCS, a souligné le 7 avril à la BBC que le cas était sans précédent dans son Eglise. «Les stigmates ne font pas partie de la tradition réformée. Nous avons donc lancé notre propre enquête sur cette affaire», a-t-il précisé. Alors que la CCCS reste perplexe sur le phénomène, les catholiques locaux l’ont bien accueilli. Le Premier ministre Tuilaepa Sailelel Malielagaoi, un catholique qui a récemment rencontré le pape François à Rome, a même parlé d’un «miracle», enjoignant les habitants à s’en réjouir. L’Eglise catholique a pris en charge la jeune femme, célébrant une messe spéciale pour elle, où elle a été invitée à s’exprimer.

D’autres Eglises sont beaucoup plus réticentes, parlant même d’une action «diabolique». Merita Huch, journaliste à la télévision samoane TV1, a relevé que «l’événement a pris une énorme ampleur. L’affaire est en train de diviser le pays sur les lignes des confessions religieuses».

Un appel au repentir

Pour le professeur de sciences religieuses Paul Morris, interrogé par le média australien ABC, de sérieux éléments font penser qu’il ne s’agit pas d’une fraude, ce qui se révèle d’habitude assez vite dans ce genre d’affaires. Il n’exclut pas une réaction psychosomatique due à une intense identification de la jeune femme au personnage de Jésus. Le spécialiste a confirmé qu’il n’existait jusqu’à maintenant que quelques cas d’apparition de stigmates en dehors de l’Eglise catholique.

Toaipuapuaga Opapo Soana’i a expliqué que le phénomène qu’elle a subi avait pour but d’amener les îles Samoa à se repentir, face à la perte de foi que Dieu aurait constaté chez ses habitants.


Encadré

Les stigmates

Dans le domaine religieux, on appelle stigmates les marques des plaies du corps de Jésus de Nazareth crucifié qu’ont portées certaines personnes au cours de leur vie. Le phénomène, signalé à partir du 13e siècle, est d’ordre mystique en religion et relève, pour la médecine moderne, d’une activité psychosomatique.

L’Eglise catholique est très prudente sur ce phénomène. Elle n’en reconnaît éventuellement le caractère miraculeux qu’à l’occasion d’un procès de béatification ou de canonisation, bien après la mort du stigmatisé, et non sans une minutieuse enquête. Parmi les plus célèbres stigmatisés, ont trouve: saint François d’Assise (1181-1226), sainte Catherine de Sienne (1347-1380), Marthe Robin (1902-1981), Marguerite Bays (1815-1879), ou encore Padre Pio (1887-1968) (cath.ch-apic/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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