Déplacés de guerre en Syrie: Caritas Suisse invite la Confédération à en faire davantage

Face à la situation catastrophique dans laquelle se trouvent la population syrienne et les personnes déplacées par la guerre, Caritas Suisse invite la Confédération à en faire davantage.

Dans un communiqué publié le 4 avril 2016, Caritas Suisse relève que la brutalité de la guerre en Syrie et l’absence complète de perspectives qui en découle pour les gens expliquent l’exode de millions de réfugiés.

Ce ne sont pas les frontières et les barbelés qui arrêteront les réfugiés

«Les personnes qui fuient essaient seulement de survivre, et ce ne sont pas les frontières, les barbelés, la mer ou le durcissement des lois sur l’asile qui vont les arrêter», estime l’œuvre d’entraide basée à Lucerne.

La guerre en Syrie dure depuis plus de cinq ans, la situation humanitaire s’est énormément péjorée et la situation politique du Moyen-Orient est plus instable que jamais. «Face à la situation catastrophique dans laquelle se trouvent la population syrienne et les personnes déplacées, les politiques ne réagissent qu’à contrecœur. Il n’y a aucune perspective véritable visant à trouver une solution à la crise des réfugiés. La Suisse aussi peut, et doit faire plus», écrit Caritas Suisse, en invitant la Confédération à agir sur différents plans.

L’Europe n’est pas envahie par les réfugiés

L’œuvre d’entraide catholique déplore que les politiques, au lieu de procéder à une analyse pragmatique et concrète de la situation qui permettrait de proposer des solutions, renoncent à une analyse approfondie. «Chacun propose sa solution, inefficace et sans effet!»

«Contrairement à ce que prétendent certains, ni l’Europe ni la Suisse ne sont appelées à accueillir tous les demandeurs d’asile syriens». En réalité, écrit Caritas Suisse, 80 % de la population syrienne, qui compte 23 millions de personnes, est restée dans le pays, même si elle y est en fuite. Et environ 5 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, Turquie, Liban, Jordanie et Irak. «Comparativement, les quelques 1,5 million de réfugiés qui ont fui vers l’Europe ne représentent qu’un petit 0,2 % de la population européenne de 650 millions de personnes!»

Augmenter l’aide à la Syrie à 100 millions de francs par an

Dans une perspective humanitaire, la communauté internationale doit veiller en priorité à ce que des espaces humanitaires soient créés en Syrie sous la protection de l’ONU. La Suisse a son rôle à jouer ici : elle doit mettre en œuvre ses structures diplomatiques pour entreprendre tout ce qui est possible dans ce sens.

«Si la situation en Syrie continue d’être instable, poursuit Caritas Suisse, ce n’est certainement pas la faute des réfugiés et des personnes qui fuient, mais bien celle des puissances régionales et des grandes puissances engagées dans le conflit qui refusent de se mettre d’accord. Ne serait-ce que pour cela, il est de notre devoir d’offrir accueil et protection aux réfugiés».

Coupes dans le budget de la coopération «complètement irréalistes»

L’aide à la Syrie de la Suisse s’élève aujourd’hui à quelque 50 millions de francs par année. «C’est totalement insuffisant, au vu de l’ampleur de la crise. L’aide à la Syrie sur place doit être augmentée et atteindre au moins 100 millions de francs par année — et ce ne doit pas être aux dépens de la coopération au développement».

Caritas Suisse qualifie de «complètement irréalistes» les coupes proposées par le Parlement dans le budget 2016, tout comme la proposition de couper dans le crédit-cadre 2017-2020 de la coopération au développement. «Au contraire, il faut augmenter ce crédit-cadre pour atteindre les 0,7 % du PNB».

La solidarité vient du peuple, pas des politiciens

En ce qui concerne son aide humanitaire, Caritas a jusqu’ici engagé 18 millions de francs pour ses projets en Syrie, en Irak, en Jordanie et au Liban. Elle a engagé 2,8 millions de francs pour ses projets sur la route des Balkans, avec un accent sur la Grèce. Ses priorités sont l’aide de survie et d’urgence aux familles de réfugiés ainsi que l’éducation et la protection des enfants déplacés par la guerre.

Ces montants sont en grande partie dus à la générosité de donateurs privés et de contributions de la Chaîne du Bonheur. «C’est donc la population suisse qui montre au monde politique ce que c’est que d’agir solidairement». Caritas Suisse demande que la Suisse garantisse l’accueil des réfugiés et refuse «catégoriquement «l’engagement de l’armée pour repousser les réfugiés aux frontières.

La Confédération doit soutenir les cantons et les communes

L’hébergement et la prise en charge de requérants d’asile peuvent représenter une charge financière importante pour les communes et les cantons. Le Conseil fédéral doit donc faire des propositions pour garantir aux cantons et communes un soutien financier plus conséquent, la situation actuelle des finances fédérales le permettant.

Caritas suggère d’ouvrir aux réfugiés les portes des écoles professionnelles, des gymnases, des hautes écoles et des associations pour leur «permettre de participer à notre société dès le début». (cath.ch-apic/caritas/com/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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