Interpellé par les journalistes, le vice-directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a ainsi confirmé l’enquête ouverte au Vatican sur le financement illicite de l’appartement de plusieurs centaines de mètres carrés occupé par le cardinal Tarcisio Bertone, à deux pas de la Maison Sainte-Marthe où réside le pape. Greg Burke a également confirmé que deux personnes sont ciblées par cette enquête: Giuseppe Profiti, ancien président de l’hôpital du Bambino Gesù, et Massimo Spina, ancien trésorier de la structure hospitalière appartenant au Saint-Siège.
Emiliano Fittipaldi, journaliste à l’Espresso et auteur d’un livre sur la mauvaise gestion des finances du Vatican, est l’auteur de ces révélations. Le journaliste italien, qui figure parmi les accusés du procès ›Vatileaks’ autour de la diffusion de documents confidentiels, assure que les enquêteurs ont déjà découvert des documents prouvant que les travaux de remise en état de l’appartement du cardinal Bertone avaient été payés par la fondation liée à l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù, qui recueille les dons en faveur des enfants malades. C’est déjà ce qu’affirmait le journaliste dans le livre Avarice (Feltrinelli), paru en novembre 2015. Quelques semaines plus tard, le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin avait renouvelé une bonne partie du conseil d’administration de la fondation, souhaitant par la suite «que les ombres qui traversent le ciel du Bambino Gesù puissent bientôt se dissiper».
Accusé de vivre luxueusement dans un immense appartement au Vatican depuis qu’il est à la retraite, l’ancien secrétaire d’Etat a assuré en décembre dernier avoir déboursé pas moins de 300’000 euros pour rénover cet appartement dont le Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican reste propriétaire. C’est la Fondation du Bambino Gesù qui aurait ensuite versé 200’000 euros supplémentaires pour les travaux de restauration, mais le cardinal a affirmé ne pas avoir été informé de ce versement. Alors que cette affaire prenait de l’ampleur dans la presse, le haut prélat a indiqué avoir donné 150’000 euros au Bambino Gesù, dans ce qui a été perçu comme un dédommagement.
La polémique autour de l’appartement du cardinal Tarcisio Bertone est apparue dans la presse italienne début 2014. Le haut prélat a alors été montré du doigt pour l’occupation d’un appartement de 700 m2 avec terrasse. Le cardinal Bertone a précisé par la suite que l’appartement qui lui avait été attribué «avec l’accord du pape François et des supérieurs du Gouvernorat» mesurait moins de 300m2, et qu’il y vivait avec une communauté de trois religieuses et une secrétaire. L’accusation de financement illicite des travaux de cet appartement est apparue par la suite.
En février 2015, Giuseppe Profiti avait quitté ses fonctions à la tête de l’hôpital pédiatrique du Bambino Gesù, après sept années d’exercice. Un an plus tôt, le pape François avait lancé un audit financier et organisationnel de l’hôpital pédiatrique dont le directeur, par le passé, avait été soupçonné de corruption dans le cadre de l’attribution de marchés publics. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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