La Conférence épiscopale du Burundi (CEB) a appelé début mars les hommes politiques du pays au dialogue. «La chose la plus importante que les politiciens, surtout chrétiens, doivent continuer à méditer, c’est de se demander où ils sont en train de conduire la nation, car le pays semble se trouver à la croisée des chemins», avait lancé la CEB.
En réponse à cette déclaration, Pascal Nyabenda, président du CNDD-FDD, a estimé le 27 mars, sur sa page Facebook, que le comportement de l’Eglise catholique avait «déçu les démocrates Burundais, en particulier, et tout le peuple Burundais, en général». Le politicien a déploré ainsi «un activisme inconsidéré de certains responsables de cette confession religieuse se traduisant par la volonté de mettre fin aux élections, en sabotant la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et en voulant bloquer le fonctionnement de la CVR (Commission vérité et réconciliation)». La CEB avait en effet retiré, en juillet 2015, ses représentants de la CENI, arguant que L’Eglise ne pouvait pas prendre part à un processus électoral visiblement non consensuel et présentant des lacunes.
Le chef de parti a également accusé les évêques de faire des «communiqués incendiaires» pendant leurs homélies, «jusqu’à faire penser que l’Eglise catholique n’a plus de rôle spirituel, mais uniquement politique». Il a en outre parlé de la volonté des prélats de «diviser les chrétiens» et «d’opposer les chrétiens aux différents membres des partis politiques».
Pascal Nyabenda a de plus cité Hamza Burikukiye, président du Collectif des associations des personnes vivant avec le sida (CAPES), pour qui, «l’Eglise catholique a trempé dans presque toutes les crises qui ont endeuillé le pays depuis l’arrivée des premiers missionnaires». Il a ajouté que ceux-ci étaient par ailleurs «les précurseurs des colonisateurs européens».
Hamza Burikukiye a ainsi affirmé que l’Eglise avait été impliquée «de près ou de loin dans les coups d’Etat que le Burundi a connu jusqu’à nos jours».
Pascal Nyabenda a conclu sa diatribe en soulignant que son parti «ne nie pas l’analyse de ce responsable du CAPES, du fait que certains membres de l’Eglise catholique ont contribué à l’histoire malheureuse du Burundi». (cath.ch-apic/ibc/rz)
Raphaël Zbinden
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