Pour marquer les jours de la Passion du Christ, les cloches des églises du monde entier sont donc condamnées au silence. On raconte souvent aux enfants que les cloches se rendent alors à Rome, après la messe du Jeudi saint, avant de revenir dans la nuit de Pâques, à la résurrection du Christ, chargées de chocolats qui tombent dans les jardins.
Au-delà de cette fable plaisante, la vie au Vatican et aux abords de la place Saint-Pierre est rythmée au fil de l’année par la sonnerie des cloches de la basilique, qui ne possède pourtant pas de clocher indépendant. Les cloches sont ainsi placées dans un immense espace situé à l’extrémité sud de la façade – en haut, à gauche – et sont partiellement visibles dans une fenêtre ouverte au-dessous de l’horloge.
La basilique vaticane possède six cloches en bronze d’époques et de tailles différentes. La plus grosse, visible de l’extérieur, est un bourdon appelé le Campanone (grosse cloche, en italien). Fondue en 1785 par Louis-Marie Valadier, elle pèse 8’950 kilos, avec un diamètre de 2,3 mètres. Elle est particulièrement décorée. On peut notamment y voir les apôtres ainsi que les armes du pape de l’époque, Pie VI (1775-1799). Cette imposante cloche, qui met plus de 30 secondes à sonner après avoir été activée, est flanquée des deux plus petites cloches du groupe : l’Ave Maria (250 kg, datant de 1932) et la Campanella (235 kg, datant de 1825).
Derrière le bourdon se trouvent, peu visibles de l’extérieur, le Campanoncino, qui pèse 3,6 tonnes et date de 1725, la Cloche de la prédication, fondue en 1909 et qui pèse 830 kg, et la plus ancienne de toutes, la Cloche de la Rote, fondue au 13e siècle. Cette dernière pèse 1’815 kg.
Les petites cloches marquent au quotidien les heures, mais l’ensemble ne sonne à toute volée que lors des grandes fêtes – en particulier à Noël, à Pâques et lors de la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin -, ainsi que lors de grand événements. Lors de la messe de la vigile de Pâques, c’est pendant le chant du Gloria qu’elles se mettent en mouvement, après deux jours de silence, annonçant au monde la résurrection du Christ. Si le Vatican a possédé pendant des décennies un sacristain exclusivement en charge d’activer les cloches, celui-ci est parti à la retraite dans les années 1990. Le système, désormais, est automatisé.
Depuis le conclave de 2005, les cloches doivent sonner en même temps qu’apparaît la fumée blanche au-dessus de la Chapelle Sixtine pour annoncer l’élection du pape, avant même l’Habemus papam prononcé depuis la loggia par le cardinal protodiacre. Mais cette année-là, a raconté à I.MEDIA un prélat ayant participé à l’organisation du conclave, il a fallu de longues minutes avant de parvenir à prévenir l’homme chargé pour l’occasion d’activer les cloches. Elles sonnèrent alors avec retard. Ce ne fut pas le cas, en revanche, lors de l’élection du pape François, en mars 2013.
Si le glas est sonné lors de la mort d’un pape, c’est à toute volée, au soir du 28 février 2013, que les cloches de la basilique Saint-Pierre ont salué la fin du pontificat de Benoît XVI et son départ du Vatican en hélicoptère vers la résidence de Castel Gandolfo. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp)
Maurice Page
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