Après avoir créé la surprise en célébrant la messe du Jeudi saint dans une prison pour mineurs en 2013, puis dans un centre pour personnes malades et handicapées, et l’année suivante encore dans une prison, le pape François se rend cette fois-ci à la rencontre de réfugiés, majoritairement africains et musulmans.
Quatre Nigérians catholiques, trois Erythréennes coptes, trois musulmans venus du Mali, de Syrie et du Pakistan, un Indien de confession hindoue, une employée italienne du Centre d’accueil. C’est à douze hommes et femmes de 20 à 37 ans, que le pape François lavera symboliquement les pieds lors de la messe.
Sira Madigata est Malien, il a 37 ans. «Je suis en Italie depuis 20 mois, a-t-il confié à la veille de la célébration, j’ai fait un long et dangereux voyage à travers le désert puis la mer, j’aurais pu mourir». Le geste du pape, à ses yeux, «est un symbole de paix». «Je suis musulman, a-t-il affirmé, et mes pieds seront lavés par un très grand homme comme le pape François, leader des catholiques. Cela signifie que la coexistence est possible, partout».
«Je suis très heureuse, je n’ai pas de mots pour exprimer mon bonheur», confie pour sa part Luchia Mesfun, 26 ans, Erythréenne et copte. Lorsque qu’elle a traversé la Méditerranée, elle était enceinte. Aujourd’hui, sa fille de cinq mois s’appelle Merhawit, ce qui signifie liberté en langue tigrigna.
Le centre d’accueil pour demandeurs d’asile visité par le pape François abrite actuellement près de 900 migrants – dont une quarantaine de femmes seulement – et compte plus d’une centaine d’employés. Situé aux portes de Rome, c’est l’un des plus grands centres de ce genre en Italie.
Les réfugiés proviennent de 25 pays, dont une quinzaine de pays africains. Le groupe le plus important est ainsi originaire d’Erythrée (279), suivi de migrants du Mali (135), du Nigeria (94) et du Sénégal (78). Près de 70 autres proviennent du Pakistan, mais aussi huit d’Irak, cinq de Palestine et quatre de Syrie. La majorité des réfugiés sont de confession musulmane. Un peu plus de 200 sont chrétiens de confession copte, catholique ou protestante.
Le geste du pape François, explique Mgr Rino Fisichella, organisateur du Jubilé de la miséricorde, est un «signe de service et d’attention» à la condition particulière des réfugiés. Pour le président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, ce geste papal, y compris à l’égard de musulmans, «indique la voie du respect comme route maîtresse pour la paix». Cette visite s’inscrit aussi en cohérence avec les nombreux appels du pape pour une meilleure attention au sort des réfugiés. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)
Raphaël Zbinden
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