L’ouverture à la consultation sera disponible d’ici quelques mois, a expliqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le temps de cataloguer les documents. Les moments et les conditions pour la consultation seront décidés en accord avec la Conférence épiscopale argentine, a précisé le Père Federico Lombardi. Toutefois, le Saint-Siège s’engage d’ores et déjà à fournir des informations contenues dans ces archives en cas de requêtes spécifiques pour des questions à caractère juridique (rogatoires) ou humanitaire.
Le matin même, au terme de l’audience générale, place Saint-Pierre, le pape François avait rencontré les proches de la Franco-argentine Marie-Anne Erize Tisseau, disparue durant la dictature argentine, en octobre 1976. Une brève rencontre, intervenue à la veille du 40e anniversaire du coup d’Etat militaire du général Jorge Rafael Videla, qui fit entrer le pays dans sept ans de dictature.
Cette question est un sujet sensible pour le pape argentin. Un mois à peine après son élection, il avait rencontré un groupe des Grands-mères de la place de Mai, de Buenos Aires, la capitale de l’Argentine. Ces femmes luttent depuis des années pour que soient retrouvées les traces d’enfants enlevés à leurs parents à la naissance, et donnés en adoption pendant les années de dictature. Elles revendiquaient justement l’ouverture des archives de l’Eglise, accusée d’avoir été au courant des enlèvements, et de posséder des informations. «Vous pouvez compter sur moi», leur avait promis l’ancien archevêque de Buenos Aires. En novembre 2014, le pape François avait reçu au Vatican la fondatrice de l’association, l’Argentine Estela de Carlotto, accompagnée de son petit-fils qu’elle avait récemment retrouvé.
L’attitude de l’Eglise argentine durant la dictature fait l’objet de controverses. Tandis qu’une partie du clergé soutenait le régime militaire et qu’une autre s’engageait dans des mouvements de contestation, une majorité de clercs et de laïcs sont restés silencieux, s’abstenant de prendre parti. Le Père Jorge Mario Bergoglio fut lui même accusé de complicité avec le régime militaire argentin, tandis que d’autres ont affirmé au contraire qu’il aurait pris des risques personnels pour sauver des vies. En 2000, à la tête du diocèse de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio avait en outre conduit une demande publique de pardon de la part de l’Eglise pour ses manquements. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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