Comme il l’avait déjà fait la veille, Mgr Lucio Angel Vallejo Balda a évoqué à plusieurs reprises devant le Tribunal du Vatican la pression qu’exerçait sur lui la consultante italienne en communication, Francesca Chaouqui, membre comme lui de la Commission pontificale d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège (COSEA). «Elle se vantait d’avoir beaucoup d’informations sur ma vie privée, mes biens et mes problèmes avec le fisc», a notamment confié le prélat lors d’une audition de près de deux heures.
Mgr Vallejo Balda a aussi évoqué «une menace concrète» envoyée par la jeune femme dans un message WhatsApp lui affirmant: «je te détruirai devant tous les journaux et tu sais que je peux le faire». Après quoi, le journaliste Gianluigi Nuzzi l’avait invité à faire la paix avec la jeune femme qui pouvait lui «faire du mal». «J’ai senti qu’ils savaient des choses sur moi (…) et je me suis senti poussé à bien me tenir», a confié le prélat, incluant les deux journalistes inculpés dans cette affaire, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi, auteurs de livres sur les dérives financières du Vatican.
Au cours de cette audition, pressé par le promoteur de justice ou les divers avocats, Mgr Vallejo Balda a de nouveau évoqué «le monde dangereux» qui entourait Francesca Chaouqui, mentionnant des déjeuners qu’elle organisait avec des personnages importants pour preuve de son influence. Parmi ces personnages se trouvaient le célèbre homme d’affaires et de l’ombre Luigi Bisignani, ainsi que l’entrepreneur Paolo Berlusconi, frère de l’ancien président du Conseil. C’est grâce à ces relations que Mgr Balda aurait longtemps cru que la jeune femme faisait partie des services secrets italiens. Il a particulièrement insisté sur les liens entre elle et le journaliste Gianluigi Nuzzi, auteur de plusieurs livres de révélations sur le Vatican, au cœur des affaires «Vatileaks».
Dans l’après-midi, le Tribunal du Vatican a procédé pendant près d’1h30 à l’audition d’Emiliano Fittipaldi, journaliste à l’hebdomadaire L’Espresso et auteur du livre Avarice sur les finances du petit Etat. Il a reconnu avoir eu des échanges avec Mgr Balda entre mai et septembre 2015, au cours desquels le prélat lui a notamment transmis une vingtaine de documents confidentiels, alors qu’il terminait son ouvrage. Le journaliste italien a cependant plusieurs fois défendu son travail et son éthique professionnelle, assurant qu’il n’avait commis aucun délit. Le procès reprendra dans l’après-midi du 17 mars, à moins que Francesca Chaouqui, enceinte de six mois et ayant assuré avoir des ennuis de santé, soit empêchée. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/vatileaks-mgr-balda-evoque-menaces-pesaient-lui/