Mgr Pontier dénonce à Lourdes «l’action satanique» de Daech

Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a dénoncé le 15 mars 2016 à Lourdes «l’action satanique» des djihadistes de Daech. Il a nommément cité «ce prétendu Etat Islamique, qui par la violence et même au nom de Dieu fait régner la mort et la tyrannie sur ceux qui lui sont soumis». Les évêques de France sont réunis du 15 au 18 mars dans la cité mariale.

Dans son discours d’ouverture de l’Assemblée plénière de printemps des évêques de France, l’archevêque de Marseille a en outre évoqué les sujets à l’ordre du jour et notamment le dialogue avec les musulmans, l’Année de la miséricorde, les chrétiens persécutés et la situation des réfugiés en Europe.

Mais un autre thème s’est imposé, rapporte Radio Vatican: les scandales pédophiles au sein du clergé. L’Eglise de France est actuellement secouée par de nouvelles affaires et le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, fait face à de nombreuses critiques. Mardi matin, le Premier ministre français Manuel Valls lui a demandé de «prendre ses responsabilités» après les plaintes déposées pour non-dénonciation d’agressions sexuelles et mise en péril de mineurs.

La persécution des chrétiens et l’exode des réfugiés

Dans son long discours, le président de la CEF a également mentionné la persécution des chrétiens en Irak, en Syrie ou au Nigéria,  l’exode de populations «qui fuient la guerre, la misère et la mort» et les «milliers, les centaines de milliers de morts, de déplacés, de désespérés, de vies sacrifiées«. Mgr Pontier a appelé la communauté internationale à s’engager «toujours plus réellement et efficacement dans la résolution politique durable des conflits qu’elle a parfois contribué à créer».

Dénonçant le «soi-disant Etat islamique», il a souligné que Daech «fourvoie des jeunes de tous pays en leur faisant miroiter un idéal de salut qui passe par leur mort et qui n’est qu’au service de l’aboutissement des ambitions orgueilleuses, inhumaines et cruelles de ses responsables».

«Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas»

Et de relever que les populations déplacées, chassées de leur terre ancestrale «attendent le jour béni de la paix où la vie pourra reprendre en toute sécurité et liberté. Aujourd’hui, elles sont accueillies en tout premier dans les pays voisins, souvent eux-mêmes dans des situations fragiles, où elles connaissent des sorts variés». Il a demandé de rendre hommage aux responsables de ces pays, aux populations locales, aux associations internationales qui œuvrent pour fournir aux réfugiés de la guerre des conditions de vie les moins éprouvantes possibles.

«Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas. Nous en appelons à un sursaut de conscience et à des initiatives concertées et respectueuses de la vie des populations locales. Nous nous réjouissons des perspectives de dialogue en Syrie. Nous en appelons aux responsables de notre pays pour qu’ils soient moteurs dans cette recherche de la paix dans ces régions».

Mgr Pontier a également exhorté l’Europe à afficher une solidarité sans faille envers les réfugiés «loin des égoïsmes nationaux». Les migrants, a-t-il affirmé, ne peuvent être traités comme «une monnaie d’échange ou des pions que l’on pourrait manipuler au gré des intérêts des gouvernements». «Il s’agit, a-t-il précisé, d’une question de solidarité et de justice (…)  Nous ne pouvons pas renvoyer l’image d’une Europe repliée sur elle-même et sur ses seuls intérêts. On ne peut pas parler des valeurs auxquelles nous tenons sans les vivre!»   

Plaidoyer en faveur d’un dialogue entre chrétiens et musulmans

Mgr Pontier a par ailleurs plaidé en faveur d’un dialogue «confiant et exigeant» en particulier entre chrétiens et musulmans. Alors que «les attentats perpétrés en région parisienne en 2015 ont manifesté la vulnérabilité de nos sociétés et la folie meurtrière dont des hommes sont capables», le président de la CEF appelle à approfondir «la confiance les uns dans les autres». «L’appartenance à une même nation doit s’appuyer sur un amour commun de notre histoire».

Pour l’archevêque de Marseille, la laïcité «invoquée souvent comme la référence ultime ne suffit pas à donner confiance à tous ceux qui ne se sentent pas reconnus dans leurs convictions religieuses ou philosophiques». Le respect nécessaire entre Français ne peut pas, à ses yeux, se fonder sur l’interdiction d’exprimer ses convictions profondes.

Ne pas faire le nid des fondamentalismes

«Ce serait faire le nid des fondamentalismes redoutés. Nous voulons une fois encore plaider en faveur d’un dialogue confiant et exigeant entre nous, tout particulièrement entre chrétiens et musulmans. Le Concile Vatican II nous y a conviés et depuis ce temps, l’Eglise l’encourage et s’efforce de le vivre. Nous-mêmes durant ces jours nous allons échanger sur cette question du dialogue avec les musulmans et poursuivre ensemble notre discernement pastoral».

Abordant la crise au sein du monde agricole, l’archevêque de Marseille a constaté que les dérégulations multiples du marché mondial «contribuent à fragiliser les conditions de vie des producteurs dans tous les pays». Il a rappelé l’importance que «chacun se sente concerné par ces questions, ne serait-ce que dans sa manière d’acheter et de consommer». (cath.ch-apic/com/cef/radvat/be)

Jacques Berset

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