Le ›ministre des Affaires étrangères’ du Vatican, Mgr Paul Richard Gallagher, s’exprimait lors de la Rencontre de formation missionnaire promue par le Centre pour la coopération missionnaire entre les Eglises du diocèse de Rome, sur le thème «Notre Eglise est une Eglise des martyrs» (pape François). Il a profité de cette occasion pour faire un vibrant appel en faveur des chrétiens persécutés dans le monde. Le Saint-Siège suit ainsi avec une grande inquiétude, depuis quelques années, «le crescendo exponentiel des cas d’intolérance, de discrimination, d’extrémisme, de fondamentalisme», risques pour la liberté religieuse et d’expression, ainsi que les «attaques et menaces continues du terrorisme».
Mgr Gallagher a notamment cité la promulgation dans certains pays de lois sur le blasphème comme «prétextes» pour persécuter des minorités religieuse, et l’exode forcé des chrétiens du Moyen-Orient. Citant le rapport de la fondation «Aide à l’Eglise en détresse» (AED) et celui de 2014 sur la liberté religieuse dans le monde du Département d’Etat américain, il a rappelé que de 2003 à aujourd’hui, le nombre de chrétiens en Irak était passé de plus d’un million à moins de 300’000. «Nous nous trouvons devant une hémorragie irrépressible, mettant en danger l’existence même des communautés chrétiennes».
Le Saint-Siège a rappelé à maintes reprises que d’autres groupes religieux, ethniques et culturels subissaient des discriminations. Il s’agit néanmoins d’admettre, loin de toute forme extrémiste d’appartenance ou d’influence idéologique, qu’aujourd’hui les chrétiens sont le groupe religieux qui souffre en majorité et présente le nombre le plus élevé de victimes. Dès lors, le ›numéro 3’ du Saint-Siège a appelé la communauté internationale à mettre fin aux conflits, à travers des solutions politiques et diplomatiques, selon le principe de «responsabilité de protéger». Citant le pape François qui avait dénoncé le silence complice et honteux de tous devant les persécutions atroces, Mgr Gallagher a regretté que pendant des années, la question des violences contre les chrétiens n’ait pas été prise en considération.
Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats a en outre jugé décourageant que «en Europe la religion devienne un sujet sensible», et qu’il y ait une «certaine timidité à entreprendre un dialogue réciproque sérieux, accompagné d’une certaine réticence à traiter des questions religieuses». Même si l’on «ne peut parler de persécutions, toutefois, aussi dans le Vieux continent, on ne peut sous-évaluer le phénomène assez inquiétant de l’intolérance religieuse», a-t-il estimé. En Occident, certaines formes de discrimination apparaissent sous le semblant de la soi-disant «défense des valeurs démocratiques», a-t-il encore fustigé.
Mgr Gallagher a de nouveau cité le pape François, pour qui l’extrémisme et le fondamentalisme peuvent s’expliquer en partie par le vide d’idéaux et la perte d’identité, aussi religieuse, en Occident. Dès lors, il a rappelé que la religion faisait partie de l’identité d’un pays, et que l’Etat se devait de la maintenir et de la respecter, en évitant qu’elle soit instrumentalisée à des fins politiques. Il a appelé à combattre l’ignorance, tout en s’attaquant aux inégalités sociales et à la pauvreté, «racines» du radicalisme. Il a enfin encouragé au dialogue interreligieux, et rendu hommage aux quatre religieuses Missionnaires de la charité assassinées récemment au Yémen. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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