Le Valais ne légiférera pas sur l'aide au suicide

Le Grand Conseil valaisan a refusé le 10 mars 2016, par 62 voix contre 55, de légiférer sur l’aide au suicide dans les hôpitaux et les établissements pour personnes âgées. Les députés ont rejeté une motion du parti radical (PLR) demandant une solution analogue à celle du canton de Vaud.

Le sujet a provoqué large débat. Quatorze députés ont pris la parole pendant plus d’une heure soit pour défendre la motion portée par des élus du PLR, de l’UDC et du PDC, soit pour l’attaquer. La motion demandait une modification de la loi sur la santé afin d’encadrer et de réglementer la pratique de l’aide au suicide dans les EMS et les hôpitaux, sur le modèle du canton de Vaud qui dispose d’une telle loi depuis le 1er janvier 2013, après un vote populaire sur la question.

Éviter les dérives

Les partisans d’une législation souhaitaient garantir les mêmes libertés pour tous et ont invoqué la nécessité de mettre en place des balises pour éviter d’éventuelles dérives. Il s’agissait aussi d’assurer une égalité de traitement dans tous les hôpitaux et les EMS du canton.

Les opposants ont souligné le risque de banalisation de l’aide au suicide et le danger de pressions sociale sur les résidents en EMS. Une telle législation serait un signal inquiétant et le début d’une pente glissante.

En outre l’Hôpital du Valais avait en quelque sorte anticipé le débat en publiant le 3 mars des directives pour la pratique de l’aide au suicide. Cette directive qui autorise l’assistance au suicide dans ses murs lors de cas exceptionnels est apparue comme une mesure suffisante aux yeux de la majorité des parlementaires valaisans. Les opposants ont précisé que l’association valaisanne des EMS partageait la position de l’Hôpital du Valais et qu’il n’existait donc pas d’intérêt à légiférer.

Une victoire de la liberté et du bon sens

Le député PLR Xavier Mottier, coauteur de la motion, se montre sceptique sur l’orientation du Conseil d’éthique clinique de l’Hôpital du Valais qui se prononcera systématiquement sur toutes les demandes de suicides assistées: «Elle est composée de dix médecins, d’un aumônier et d’un professeur de philosophie qui tient un blog sur un site catholique suisse», a-t-il expliqué. Le député a également indiqué qu’il songeait au lancement d’une initiative populaire cantonale mais qu’il se laissait encore quelques jours pour y réfléchir.

De son côté l’abbé Michel Salamolard qui milite contre l’euthanasie et le suiscide assisté a salué sur facebook, une victoire de la liberté et du bon sens. Pour lui, il en va de la liberté individuelle et aussi de la liberté des institutions hospitalières qui éviterons d’être soumises à des contraintes étatiques contraires à leur mission. D’éventuelles situations particulières très peu nombreuses seront traitées attentivement au cas par cas.

Dans une lettre publiée le 27 février dans le quotidien valaisan Le Nouvelliste, l’évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey, avait averti  qu'» imposer l’aide au suicide dans les hôpitaux ou les EMS contribuerait à banaliser la mort et le suicide, notamment celui des personnes âgées. Tous les signaux seraient brouillés.»  (cath.ch-apic/ag/mp)

 

Maurice Page

Portail catholique suisse

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