Depuis le 29 février, le cardinal George Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie, accusé d’avoir couvert des prêtres pédophiles dans son ancien diocèse de Ballarat (Australie) par le passé, était entendu, de Rome en visioconférence, par la Commission royale australienne. Des anciennes victimes de ces abus avaient fait le déplacement à Rome pour assister à ses quatre auditions successives.
A la veille de sa première audition, l’Oscar du meilleur film était remis à Spotlight, qui relate la révélation, par The Boston Globe, de la couverture de centaines de cas de pédophilie dans le clergé américain, au début des années 2000. A la cérémonie des Oscars, le producteur Michael Sugar a interpellé Rome: «Pape François, il est temps de protéger les enfants et de restaurer la foi». Spotlight a alors fait l’objet de multiples commentaires, pour la plupart positifs, de la part de hauts responsables du Vatican.
Le Père Lombardi a regretté que la présentation «sensationnaliste» de ces deux événements ait conduit le grand public à penser que «dans l’Eglise, rien n’a été fait ou très peu pour répondre à ces drames horribles». Au contraire, de multiples initiatives ont été prises, tant au niveau local qu’au Vatican, a assuré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, exemples à l’appui. Ainsi, après la démission du cardinal Bernard Francis Law (mis en cause dans l’affaire relatée par Spotlight) en 2002, l’archidiocèse de Boston est gouverné depuis 13 ans par le cardinal Sean O’Malley. Ce dernier, souligne le Père Lombardi, est «universellement connu pour sa rigueur» à propos des abus sexuels, «à tel point qu’il fut nommé par le pape (…) président de la Commission qu’il a constituée pour la protection des mineurs».
En Australie, des enquêtes et procédures légales et canoniques sont en cours depuis de nombreuses années, poursuit le porte-parole du Vatican. Benoît XVI, lors de son voyage à Sydney pour les JMJ de 2008, a rencontré un petit groupe de victimes «du même siège de l’archidiocèse gouverné par le cardinal Pell», a rappelé le Père Lombardi. A Rome, «la seule section du site du Vatican dédiée aux ›Abus sur mineurs. La réponse de l’Eglise’, ouverte il y a environ 10 ans, contient plus de 60 documents», fait-il encore remarquer.
Le porte-parole du Vatican rappelle en outre l’engagement «courageux» des papes pour affronter les diverses crises de pédophilie dans le monde, citant, pêle-mêle, le renouvellement de procédures canoniques et les lignes de conduite formulées par les conférences épiscopales, ou encore la «profonde réforme» de la Congrégation des Légionnaires du Christ, éclaboussée au début des années 2000 par le scandale des abus sexuels commis par son fondateur, le père Maciel. Il cite également la Lettre de Benoît XVI aux fidèles irlandais de mars 2010, document de référence le plus éloquent à ce jour, pour comprendre la réponse juridique, pastorale et spirituelle des papes (…): reconnaissance des graves erreurs commises et demande de pardon, (…) justice pour les victimes, conversion, (…) prévention». Il évoque enfin la création par le pape François de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, preuve de la «maturation du chemin de l’Eglise».
Pour le Père Lombardi, dans de nombreux pays, les cas d’abus sont «devenus rares» désormais et concernent dans la plupart des cas des affaires remontant à «plusieurs décennies». Il juge enfin le témoignage récent du cardinal Pell, qui a passé près de 20h devant la Commission royale australienne, «digne et cohérent», sans oublier de rendre hommage aux victimes venues d’Australie pour leur «disponibilité» à établir un «dialogue constructif» avec l’ancien archevêque de Sydney. (cath.ch-apic/imedia/bl/bh)
Bernard Hallet
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