La dépouille de l'assassin du gouverneur du Pendjab applaudie par les islamistes

Aux cris de «Il vit! Qadri vit!», des dizaines de milliers d’islamistes pakistanais ont manifesté le mardi 1er mars 2016 leur soutien à Malik Mumtaz Hussain Qadri, qui abattu en 2011 le gouverneur de la province pakistanaise du Pendjab Salman Taseer. Cette personnalité musulmane libérale avait remis en cause la loi anti-blasphème.

Les manifestants ont lancé des fleurs sur le cercueil de l’assassin, condamné à mort et exécuté le 29 février 2016 pour ce crime, mais considéré comme un «héros de l’islam» par les extrémistes musulmans pakistanais.

«Il a insulté l’islam et le Prophète Mahomet»

A Rawalpindi, les mesures de sécurité avaient été renforcées pour les funérailles de Mumtaz Qadri, le garde du corps félon qui avait abattu  le gouverneur du Pendjab. Ses supporters estiment qu’en s’en prenant à la loi sur le blasphème, il a «insulté l’islam et le Prophète Mahomet».

Les extrémistes musulmans ont lancé des slogans vengeurs au passage de la dépouille, criant que de son sang naîtra la révolution. Ils ont une nouvelle fois justifié l’assassinat du gouverneur du Pendjab, parce que ce dernier n’avait pas hésité à rendre visite à la chrétienne Asia Bibi condamnée à mort pour blasphème, afin de lui signifier son soutien. Pour eux, il s’était ainsi, lui aussi, rendu coupable de blasphème contre le Coran.

Il militait pour l’abolition de la loi sur le blasphème

Le gouverneur du Pendjab avait œuvré courageusement en faveur de l’abolition de la loi sur le blasphème, motif pour lequel il a été vivement critiqué de son vivant. «Mais il n’a pas eu peur et a payé son engagement de sa vie. Il peut vraiment être appelé ’martyr de la justice et de la liberté religieuse», déclarait au lendemain de ce crime Mgr Lawrence Saldanha, alors archevêque de Lahore. L’Eglise pakistanaise a dénoncé la glorification dont fait l’objet l’assassin.

Plus d’une centaine de personnes sont inculpées chaque année au Pakistan, pays en grande majorité de confession musulmane sunnite, en vertu de la loi sur le blasphème, dont de nombreux membres des minorités religieuses. Cette loi d’un autre âge est souvent utilisée contre les accusés pour des motifs de querelles personnelles ou pour s’approprier leurs biens. S’il n’y a eu aucun cas d’exécutions pour ce motif depuis 1990, au moins 65 personnes ont été assassinées par des policiers ou la populace en raison de telles accusations, selon les données sur les lois anti-blasphème fournies par le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité (CRSS) au Pakistan. (cath.ch-apic/com/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/la-depouille-de-lassassin-du-gouverneur-du-pendjab-applaudie-par-les-islamistes/