Le proche collaborateur du pape François a été invité à réagir au film Spotlight, sur l’affaire des prêtres pédophiles qui a bouleversé les Etats-Unis au début des années 2000, sacré «meilleur film» aux Oscars 2016, deux jours plus tôt. Ce film dévoile comment ces scandales ont été étouffés non seulement par de hauts responsables du clergé, mais aussi des instances légales et gouvernementales. «La vieille mentalité, malheureusement, était celle-ci, a commenté Mgr Becciu.
«Là, il s’agissait de prêtres pervers à chasser»
«La première réaction, plutôt que de regarder l’horreur de ce qui venait d’arriver, était de ‘sauver’ l’institution du scandale. Le transfert d’une paroisse à une autre était d’usage quand un prêtre tombait amoureux d’une femme. Mais là, il s’agissait de pervers, de prêtres à chasser!», a insisté l’archevêque, déplorant un aveuglement.
Depuis, «nous avons retenu la leçon», a estimé le substitut de la Secrétairerie d’Etat. «Je ne crois pas qu’il existe au monde une institution sociale et politique comme l’Eglise qui s’est engagée partout à faire un grand nettoyage et à mettre en pratique toutes les méthodes pour prévenir d’autres abus». Une prise de conscience qui a commencé avec Benoît XVI, a-t-il aussi précisé, qui a «mis au clair qu’il n’y avait plus d’excuses ou de justifications». Aujourd’hui, il s’agit «d’intervenir tout de suite, et que le responsable soit poursuivi, et le cas échéant défroqué».
Le ‘numéro 3’ du Vatican a jugé que désormais, «la mentalité a changé», et a invité à suivre davantage les indications de la Commission pontificale pour la protection des mineurs instituée par le pape François, composée entre autres de victimes de pédophilie au sein du clergé. Il a notamment encouragé à mettre en place «une formation adéquate» des futurs prêtres dans les séminaires, et surtout à être «attentifs et sévères» dans le choix des candidats au sacerdoce.
«Un film comme celui-là et sa remise de prix, vont certainement donner un élan ultérieur à notre travail», a pour sa part réagi la veille devant la presse le père jésuite Hans Zollner, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs et président du Centre pour la protection des mineurs de l’Université pontificale Grégorienne. Ce long-métrage invite à se poser ces questions, a-t-il ajouté: «comment l’Eglise catholique peut-elle être transparente, juste et engagée dans la lutte contre les abus, et que peut-elle faire pour que cela n’arrive plus?». (cath.ch-apic/imedia/bl/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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