Le cardinal Pell a été entendu durant la nuit, en raison du décalage horaire, depuis un grand hôtel de Rome. Il n’avait pu prendre l’avion pour l’Australie en raison de problèmes de santé. L’Eglise a «raté des choses et laissé tombé des gens», a-t-il aussi reconnu. Dans la salle de conférence de l’hôtel, une quinzaine de victimes australiennes avaient fait le déplacement. Elles ont été autorisées à participer au témoignage du cardinal, accusé d’avoir couvert des actes pédophiles commis par des prêtres, afin de recréer l’atmosphère d’audience publique. Longtemps, a encore avoué l’ancien archevêque de Sydney, «l’instinct était plus de protéger de la honte l’institution, la communauté de l’Eglise».
Le préfet du Secrétariat pour l’économie a ensuite confessé que dans les années 1970, il avait eu plus tendance à croire les versions des prêtres accusés de pédophilie, que celles des plaignants. C’est ainsi qu’il a cru, en 1972, le démenti de Mgr John Day, accusé d’actes pédophiles – décédé en 1978 – et jamais inculpé. L’Eglise avait une «prédisposition à ne pas croire» les enfants qui dénonçaient des prêtres pédophiles, a-t-il encore déploré. Il a cependant ajouté que l’Eglise australienne avait été parmi les premières à mettre en place des procédures de lutte anti-pédophilie il y a une vingtaine d’années.
Interrogé par la commission royale australienne, le haut prélat a de nouveau assuré qu’il n’était pas au courant des agissements de prêtres pédophiles dans le diocèse de Ballarat, où il était lui même prêtre dans les années 1970 et 1980. Il a répété qu’il n’était pas au courant des agissements du prêtre Gerald Ridsdale, avec qui il vécut dans le même séminaire au début des années 1970. Il a fermement nié avoir voulu acheter le silence de sa victime, David Ridsdale, qui n’est autre que le neveu du prêtre. Aujourd’hui en prison, Gerald Ridsdale a été reconnu coupable de plus de 130 abus sur de jeunes garçons, des années 1960 aux années 1980.
Lancée par le gouvernement australien en 2012, la Commission royale n’a pas autorité pour prononcer des peines criminelles. En revanche, elle peut noter dans un rapport si elle estime qu’une personne a enfreint la loi. Ce rapport est alors remis à la police et à la justice. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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