Togo: L'Union musulmane en campagne contre le radicalisme religieux

L’Union musulmane du Togo (UMT) a lancé une campagne de promotion des valeurs de paix et de dialogue interreligieux. Elle veut sensibiliser les membres de cette communauté sur les méfaits du fanatisme religieux.

L’UMT a convié imams, cadres musulmans, responsables d’ONG et d’associations islamiques et fidèles à pratiquer la tolérance et l’ouverture «face au péril islamiste».

L’information a été relayée par l’agence d’information de la présidence de la république togolaise, «Republic of Togo».

Refus de l’importation du wahhabisme et du salafisme

Au Togo, pays d’Afrique de l’Ouest de quelque 7,5 millions d’habitants, les musulmans représentent de 14 à 20% de la population. Depuis quelques années, les autorités observent à Lomé, la capitale, et dans d’autres villes de l’intérieur, un développement d’associations et d’ONG islamiques. Grâce à leur prosélytisme, elles attirent de plus en plus d’adeptes. Une nouvelle forme d’islam voit ainsi le jour avec ses codes vestimentaires et ses nouveaux interdits. Elle séduit les jeunes, mais inquiète les autorités et l’UMT, adepte d’un islam de tolérance. L’UMT veut recadrer ceux des musulmans qui seraient tentés par le wahhabisme ou le salafisme.

«L’islam est une religion d’ouverture et de paix. L’extrémisme doit être combattu, car il ne représente d’aucune façon les valeurs véhiculées par le Coran», écrit l’UMT dans son message aux musulmans. L’objectif de la campagne, lancée à Dapaong, au nord, est de dissuader les musulmans de tomber dans le rigorisme islamique en vogue dans la région, encouragé par des prédicateurs qui usent d’arguments théologiques et financiers.

Menaces de groupes radicaux

Les médias togolais en ligne ont publié la semaine dernière un message d'»Ansar Al Nour» (les combattants de la lumière), un groupe radical musulman, inconnu jusqu’alors dans le pays. Ces extrémistes ont averti les chefs musulmans locaux cherchant à éviter la pratique d’un islam radical qu’ils pourraient s’attendre à des actions violentes comme au Nigeria et au Mali. L’imam Souleyman, de la mosquée de Totsi, à Lomé, est suspecté d’être l’auteur de ce message sonore, enregistré dans l’une des langues nationales du Togo, le kotocoli, et diffusé sur les réseaux sociaux.

La semaine dernière, l’Union musulmane du Togo avait d’ailleurs appelé les fidèles à l’esprit d’ouverture, de dialogue et de tolérance. Pour El-Hadj Inoussa Bouraïma, président de l’UMT, il est «impératif de revenir  aux fondamentaux de l’islam et aux prescriptions du prophète Mahomet, seul moyen, pour éviter de tomber dans le piège du radicalisme». Et de rappeler que l’évolution de l’islam en Afrique subsaharienne n’a jamais été «le fait du sabre», encore moins d’une guerre de conquête, mais qu’il a été assimilé de manière plus douce. L’islam en Afrique noire a réussi son implantation et sa diffusion par le concours des échanges entre commerçants du Nord de l’Afrique et ceux du Sud Sahara, a-t-il estimé.

Instrumentalisation de la religion

Le président de l’UMT avait également dénoncé, devant les imams, lors d’une réunion préparatoire de la campagne nationale au Palais des congrès de Lomé, «ceux qui s’adonnent à des actes terroristes», les accusant d’instrumentaliser la religion. Il avait dénoncé l’interprétation de l’islam faite par certains groupes radicaux. (cath.ch-apic/ibc/be)

Jacques Berset

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