En présentant ce nouveau rapport, qui n’apporte pas de nouveaux éléments notables par rapport à ses précédents, Manu Keirse, professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (KULeuven) et président de la Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes, a parlé du souci de «transformer l’injustice du passé en droit pour l’avenir». Mais c’est aussi un souci de transparence qui conduit l’Eglise de Belgique à faire état des nouveaux dossiers qui continuent d’être transmis quand bien même les faits sont prescrits depuis très longtemps, rapporte CathoBel, le site d’information officiel de l’Eglise catholique en Belgique francophone.
Les deux évêques en charge de ce dossier, Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, et Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers, étaient d’ailleurs également présents pour la présentation de ce nouveau rapport.
Entre 2012 et 2015, 418 victimes se sont manifestées auprès des points de contact. Ces derniers ont été mis en place par l’Eglise (un par diocèse et deux pour les congrégations religieuses) pour accueillir les personnes victimes par le passé d’abus sexuels dans une relation pastorale, mais pour lesquelles les faits étaient prescrits. A ces cas, s’ajoutent les 628 victimes qui avaient décidé de passer par le Centre d’arbitrage (procédure en dehors des structures de l’Eglise, close depuis le 31 octobre 2012), ce qui fait un total de 1’046 communications. 95 nouveaux dossiers ont été ouverts ces deux dernières années.
D’un point de vue statistique, les derniers dossiers enregistrés par ces points de contact confirment les données établies depuis quelques années. 80 % des faits signalés ont eu lieu il y a plus de 30 ans, relève CathoBel. 71 % des victimes étaient de sexe masculin et les abuseurs sont essentiellement (95 %) des hommes. 38% de ces derniers sont déjà décédés. La disparité nord-sud est toujours aussi importante avec 80 % des communications provenant de la région flamande.
En ce qui concerne les mesures de réparations, les trois attentes les plus fréquentes sont: la demande d’une conciliation entre la victime et le responsable de l’instance à laquelle l’abuseur, actuellement décédé, appartenait au moment des faits (24 %), la demande de rencontrer le responsable de l’abus (16 %) et la demande d’un entretien comme forme de reconnaissance (17 %).
Le rapport indique que 148 des 418 victimes qui se sont signalées dans les points de contact ont obtenu une compensation financière. Ainsi, 1’218’201 euros ont été payés à la demande des points de contact, aux victimes. Auxquels il faut ajouter les 2’693’751 euros versés en application de procédures auprès du Centre d’arbitrage pour des faits prescrits qui ne peuvent plus être traités par les tribunaux.
La présentation de ce rapport a aussi été l’occasion de rappeler tout ce que l’Eglise a mis en œuvre depuis 2012 pour prévenir tout abus sexuels et comportements transgressifs. Deux brochures ont ainsi été publiées et des journées de formation et de sensibilisation à cette problématique ont été organisées pour les agents pastoraux en vue de la détection des premiers signaux.
Un comité de surveillance (composé de personnes extérieures aux structures de l’Eglise), a également été mis sur pied par la Conférence épiscopale belge pour rendre des avis contraignants quant aux fonctions que peuvent encore exercer les agents pastoraux dont on a constaté un comportement sexuel transgressif.
«Nous sommes parfaitement conscients que l’on ne peut changer le passé. Nous pouvons seulement essayer d’offrir ce qui a le plus manqué dans le passé: l’humanité et la solidarité», a expliqué, en guise de conclusion, le professeur Keirse. Et de souligner que la démarche de l’Eglise constituait «une tentative sincère de transformer l’injustice du passé en droit pour l’avenir». (cath.ch-apic/cathobe/be)
Lire le rapport complet: [pdf]
Jacques Berset
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