A Morelia, le pape François invite le clergé mexicain à ne pas se résigner face à la violence

C’est une invitation à «ne pas succomber à la tentation» de la «résignation» face à la violence, la corruption, ou le trafic de drogue, qu’a lancée le pape François aux prêtres et religieux mexicains lors d’une messe célébrée dans la ville de Morelia, le 16 février 2016.

Dans la capitale de l’Etat du Michoacán, une ville où sévissent les cartels de la drogue, le pape a également appelé les membres du clergé à ne pas se retrancher dans leurs «sacristies» et dans leurs «sécurités apparentes», à ne pas être des «fonctionnaires du divin».

Au cinquième jour de son séjour au Mexique, le pape s’est rendu dans le Michoacán, grand Etat qui s’étend à l’ouest de la capitale, du District fédéral de Mexico jusqu’à l’Océan pacifique. Des dizaines de milliers de personnes l’ont acclamé tout au long des 20 kilomètres parcourus en papamobile de l’aéroport de Morelia – où il était arrivé en provenance de Mexico – jusqu’au stade de la ville.

Dans l’enceinte du stade, des prêtres, religieux et religieuses enthousiastes ont attendu le pape dans une incroyable ambiance de fête. Certains n’hésitaient pas à danser au milieu du stade, pendant que, dans les tribunes, de jeunes religieuses agitaient des pompons. «Qui est le vicaire du Christ ?» criait un animateur avant que la foule ne réponde d’une seule voix : «le pape François !»

43 disparus d’Iguala

Peu avant l’arrivée du pape, la foule a compté d’une seule voix jusqu’à 43, en référence au nombre des étudiants disparus d’Iguala, au sud de Mexico, enlevés en septembre 2014 par des policiers véreux et, selon la version officielle, remis à des tueurs d’un cartel de la drogue avant d’être exécutés et brûlés. L’hypothèse d’une rencontre du pape avec les familles des 43 disparus a été plusieurs fois évoquée.

Dans son homélie, le pape a invité prêtres et religieux à fréquenter assidument «l’école de la prière» et à être des «témoins» de l’Evangile. «Nous ne sommes pas, ni ne voulons être des fonctionnaires du divin, nous ne sommes pas, ni ne voulons jamais être des employés de Dieu, car nous sommes invités à participer à sa vie, nous sommes invités à nous introduire dans son cœur, un cœur qui prie et qui vit en disant : Notre Père».

«Quelle tentation, s’est demandé le pape, peut venir de milieux souvent dominés par la violence, la corruption, le trafic de drogue, le mépris de la dignité de la personne, l’indifférence face à la souffrance et à la précarité ? Quelle tentation pouvons-nous avoir sans cesse face à cette réalité qui semble devenir un système inamovible ?»

L’arme du démon

«Face à cette réalité, l’une des armes préférées du démon, la résignation, peut nous tenter», a alors répondu le pape, «une résignation qui nous paralyse et nous empêche non seulement de marcher, mais aussi de faire du chemin ; une résignation qui non seulement nous effraie, mais qui nous fait aussi nous retrancher dans nos ›sacristies’ et dans nos sécurités apparentes ; une résignation qui non seulement nous empêche d’annoncer, mais qui nous empêche aussi de louer». Cette résignation «non seulement nous empêche de prévoir, mais (elle) nous empêche aussi de prendre des risques et de transformer», a expliqué le pape avant de poursuivre avec cette prière : «Notre Père, ne nous laisse succomber à la tentation».

Lors de cette messe particulièrement recueillie, après l’enthousiasme de l’accueil, le pape François a célébré avec la crosse et le calice de l’Espagnol Mgr Vasco Vasquez de Quiroga, premier évêque du Michoacán au 16e siècle. Dans son homélie, il a donné en exemple cet évêque qui fut aux côtés des indiens Purepechas.

Pierre Pistoletti

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