Sénégal: deuxième journée du voyage du pape (200292)
Dakar, 20 février(APIC) Le pape Jean Paul II a appelé jeudi, à Ziguinchor,
les habitants de la Casamance «construire ici la demeure de la paix». Il
faisait allusion aux troubles sanglants que connaît cette région suite à la
lutte d’indépendance menée par le mouvement des forces démocratiques de la
Casamance. Durant cette deuxième journée au Sénégal, le pape Jean Paul II a
eu une première réunion avec les délégués musulmans et à rencontré également le clergé catholique.
Jean Paul II a commencé la journée par une visite de courtoisie au président sénagalais Abdou Diouf qui est lui-même musulman, mais dont la femme
est catholique. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés au Vatican le 4
mai 1990. Adbou Diouf a succédé en 1980 à la tête du pays à Léopold Sedar
Senghor, le poète de la négritude.
Dialogue dans la loyauté
Le pape s’est ensuite envolé pour Ziguinchor, où il a eu une première
rencontre avec des chefs religieux de l’islam et des religions
traditionnelles auxquelles appartiennent 8,8% de la population sénégalaise.
Rencontrant ensuite le clergé catholique dans la cathédrale de
Ziguinchor, Jean Paul II a expliqué que «le premier but de ma visite
pastorale parmi vous est de vous confirmer dans la foi et dans votre
engagement missionnaire». Le pape a encouragé les prêtres et les religieux
à persévérer dans «le dialogue respectueux que vous poursuivez avec vos
compatriotes appartenant à d’autres traditions religieuses». Il les a
exhortés en même temps à rester «cohérents avec vos convictions , sans
dissimulation ni fermeture, mais dans la vérité, l’humilité, la loyauté, en
sachant bien que le dialogue peut être une source d’enrichissement pour
chacun». Le pape s’est aussi réjoui du plus grand nombre de jeunes qui se
préparent au sacerdoce et de l’inauguration récente du nouveau grand
séminaire de Drin.
L’ombre de Saddam Hussein
Dans l’après-midi, Jean Paul II a célébré une messe dans le stade Aline
Sitoe Diatta. Celle qui a donné son nom à cet édifice fut une des héroïnes
de la Casamance, qui lutta contre le pouvoir colonial. Dans son homélie le
pape a fait allusion aux aspirations à l’indépendance des habitants de ce
territoire colonisé par les Portuguais avant d’être conquis par la France
et annexé au Sénégal.
Le mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFTC), avec son
aile militaire Attika, lutte en effet pour l’indépendance de la région. qui
est coupée du reste du pays par la Gambie et la Guinée-Buissau. Des sources
officielles à Dakar soutiennent que les rebelles sont armés par la Mauritanie, mais également par l’Irak, Saddam Hussein voulant ainsi faire payer
aux Sénégalais le prix de leur participation aux côtés des alliés dans la
guerre du Golfe.
S’adressant aux «chers frères et soeurs de la Casamance», le pape a déclaré: «Je sais votre ardent désir de vivre dans une demeure où règnent
l’harmonie et la paix. Au cours de trop longues années, vous avez connu des
périodes de déchirements, des familles divisées, des deuils, des villages
et des champs ravagés. Beaucoup d’entre vous ont dû quitter leurs foyers et
partir sur les chemins du dénuement.»
La paix est un don de Dieu, a rappelé le pape «mais elle n’est pas réalisée sans l’homme, elle demande qu’il s’y engage». Et de s’exclamer: «Respectez la vie de votre frère! Renversez vous aussi le mur de la haine s’il
se dresse encore! Vous devez construire ici la demeure de la paix. Vous ne
pourrez le faire que tous ensemble. Vous ne pourrez avancer que si vous entrez en dialogue les uns avec les autres.» (apic/cip/mp)
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