Au deuxième jour de sa visite au Mexique, le pape s’est ainsi rendu au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, une visite considérée comme le cœur spirituel de son voyage apostolique. Sur plus d’une quinzaine de kilomètres, debout à bord de la papamobile, il a été acclamé par une foule innombrable. Arrivé au sanctuaire, il s’est d’abord rendu dans la basilique du 18e siècle, partiellement ouverte au public par risque d’effondrement. Puis il a célébré la messe dans la très moderne basilique circulaire construite dans les années 1970. Quelque 12’000 fidèles se pressaient dans la basilique, plus de 30’000 autres suivaient la messe de l’extérieur sur des écrans géants.
Dans l’immense basilique recouverte de cuivre vert, le pape a prié pendant une vingtaines de minutes, seul, devant l’image de la Vierge miraculeusement imprimée sur la cape de Juan Diego, selon la tradition. Avant son voyage, il avait expressément demandé à pouvoir prendre ce temps d’intimité face à l’icône, dans le «camerino», une petite salle située derrière l’image de près d’1,5 mètre. Visiblement fatigué, et alors qu’il voulait embrasser une jeune fille venue apporter des fleurs devant l’icône, le pape François a perdu un instant l’équilibre, retombant par chance dans le fauteuil qui avait été préparé à son intention.
L’espérance des petits
Au préalable, lors de la messe, dans une homélie particulièrement poétique, le pape François a assuré que la Vierge Marie avait choisi le jeune berger Juan Diego pour venir «visiter les habitants de cette terre d’Amérique». «Ce matin de décembre 1531, a-t-il expliqué, Dieu a éveillé l’espérance de son enfant Juan, l’espérance de son peuple».
«Dieu a réveillé et réveille l’espérance des petits, des souffrants, des déplacés et des marginalisés, de tous ceux qui sentent qu’ils n’ont pas une place digne sur cette terre», a encore assuré le pape pour qui «Dieu s’est approché et s’approche du cœur souffrant mais endurant de tant de mères, pères, grands-parents, qui ont vu leurs enfants partir, se perdre, voire être arrachés de manière criminelle». Au Mexique, pays rongé par le crime organisé, les assassinats sont légion.
Le Pape est revenu sur la rencontre entre Marie et sa cousine Elisabeth, Marie venue »en hâte, sans hésiter, sans tarder» alors qu’Elisabeth en était dans ses derniers mois de grossesse. C’est sur la figure de Marie, sur le message qu’elle a transmis à Juan Diego, l’Amérindien qui l’a vue, que le Pape s’est attardé.
«C’est la femme du oui, un oui du don d’elle-même à Dieu, et en en même temps, un oui du don à ses frères. C’est le oui qui l’a poussée à donner le meilleur en se mettant en route vers les autres», a souligné le pape. Parmi ces autres figures, il y a bien sûr Juan Diego à qui elle s’est adressée dans sa langue, revêtue de ses costumes. Elle l’a choisi, lui qui ne s’en sentait pas digne. «De la même manière, elle continue d’être présente à nous tous; surtout à ceux qui, comme lui, sentent qu’ils ne valaient rien. Ce choix particulier, disons préférentiel, n’a été contre personne mais en faveur de tous», a relevé le pontife.
Le Pape, se mettant dans la peau du pèlerin se rendant devant la Vierge, reconnaît que l’on peut venir déposer «nos douleurs, nos peurs, nos désespoirs, nos tristesses et lui dire: ›Que puis-je apporter si je ne suis pas instruit?’’’. Il a recommandé de faire silence devant la Vierge, «elle qui a l’honneur d’être notre mère». »Cela nous donne la certitude que les larmes de ceux qui souffrent ne sont pas stériles. Elles sont une prière silencieuse qui monte vers le ciel et qui trouve toujours chez Marie une place sous son manteau», a poursuivi le pape.
Dans la vie, dans nos communautés, dans la société, a ensuite soutenu le pape, «personne ne peut être marginalisé», «nous sommes tous nécessaires, surtout ceux qui normalement ne comptent pas parce qu’ils ne sont pas à la hauteur des circonstances ou n’apportent pas le capital nécessaire à ces constructions». (cath.ch-apic/imedia/ami/radiovatican/bh)
Bernard Hallet
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