Les évêques de Bretagne et des Pays de la Loire ont lancé leur appel dans une tribune du quotidien Ouest-France, à l’issue de leur session de réflexion annuelle consacrée à la conversion écologique.
Ils martèlent que «l’engagement écologique passe par le respect des agriculteurs afin qu’aucun d’entre eux ne se sente plus jamais parmi ›les esclaves des temps modernes’ sacrifiés à l’idole de la productivité débridée alimentée par une concurrence internationale aveugle».
Les prélats français rappellent que les agriculteurs ont un métier «particulièrement noble», qu’ils méritent la reconnaissance et la considération de toute la société. Ils ont ainsi le droit de vivre de leur travail et de choisir le modèle d’agriculture qu’ils souhaitent, «pourvu qu’elle soit respectueuse de notre planète destinée à nourrir durablement toute l’humanité», précisent les prélats.
Et les évêques d’appeler à un système économique qui garantisse aux agriculteurs la possibilité de produire et de vendre leurs productions selon un juste prix. Pour les signataires, il est ainsi nécessaire de parvenir à une harmonisation des coûts de production, en particulier au niveau européen, ajoutant que «c’est une question de justice!»
«Le seul modèle (de production) qui vaille est celui qui favorise le vrai bonheur, les relations humaines authentiques ainsi qu’une juste relation à la nature», assurent les évêques. Ils exhortent donc les décideurs à mettre en œuvre «une croissance par la sobriété heureuse», comme l’exprime le pape François dans ‘Laudato Si’. Se référant toujours aux écrits du pontife, les prélats rappellent ainsi que «respecter la nature et respecter l’humain sont liés».
Les agriculteurs sont, pour leur part, invités à «retrouver les solidarités qui les unissent les uns aux autres (…) pour renforcer les mutualisations qui sont indispensables».
La grogne des agriculteurs se poursuit déjà depuis plusieurs mois, dans l’ouest de la France. Plusieurs actions de blocages des axes routiers, de magasins ou des interpellations d’élus se sont déjà déroulées.
Les agriculteurs réclament en particulier un prix décent de leurs produits, la transparence et une juste répartition des marges tout au long de la filière. Selon un communiqué du syndicat agricole FDSEA 80, du 11 février 2016, «les grandes et moyennes surfaces ont une grande part de responsabilité à l’égard de la situation économique désastreuse que vivent les agriculteurs. (…) La guerre des prix qu’elles se livrent se répercute de manière inadmissible sur le premier maillon, le producteur, qui est pourtant à l’origine même de la valeur de ces produits». (cath.ch-apic/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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