Aux yeux de l’auteur de l’ouvrage «En attendant le concile de l’Eglise Orthodoxe» (Cerf 2011), le patriarche Cyrille veut avant tout promouvoir l’idéologie du «monde russe» et son souci premier n’est pas l’œcuménisme «puisqu’il refuse toute prière commune avec le pape à La Havane».
Le patriarche de Moscou s’est aligné sur la politique du président Vladimir Poutine, notamment en ce qui concerne le conflit en Ukraine, l’annexion de la Crimée ou les bombardements en Syrie, en prétextant la défense des chrétiens du Moyen-Orient.
«Le patriarche Cyrille ne s’est pas distancé de la volonté de Poutine de créer une alternative à l’Union européenne en mettant sur pied une Union eurasiatique».
Pour Antoine Arjakovsky, alors que le pape, conscient de la nécessité de dialoguer avec l’Eglise orthodoxe russe, qui représente le tiers des quelque 300 millions d’orthodoxes dans le monde, veut une rencontre spirituelle, l’agenda du patriarche de Moscou est tout différent.
«Il aimerait que le pape avalise la politique de Poutine en insistant sur le sort des chrétiens du Moyen-Orient, mais je me demande si la diplomatie vaticane va aborder les sujets qui fâchent, comme la destruction de l’Eglise gréco-catholique en Ukraine en 1946 par Staline avec l’aide du patriarcat de Moscou. Cette question ne devrait pas être passée sous silence».
L’historien de confession orthodoxe, qui a créé et dirigé l’Institut d’Etudes Œcuméniques au sein de l’Université Catholique d’Ukraine (UCU) à Lviv, espère que cette première rencontre entre un pape et un patriarche de Moscou puisse débloquer les incompréhensions entre les deux Eglises.
Il suggère que les deux Eglises abordent «de façon plus vigoureuse» la question des relations œcuméniques entre les deux Eglises, en commençant par faire un récit historique consensuel du passé douloureux. «A l’instar de ce que font les historiens catholiques et protestants à propos de la Réforme de 1517». (cath.ch-apic/be)
Jacques Berset
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