L’archevêque de Sao Paulo s’est prononcé contre l’avortement pour les futures mères de bébés atteints de microcéphalie, piquées par le moustique Aedes aegypti alors qu’elles étaient enceintes. «Toute grossesse implique des inconnues et peut donner des anomalies, ce qui est évidemment triste. Mais un bébé atteint de microcéphalie, même s’il présente des limites, possède sa propre autonomie. C’est une personne qui aura des joies dans sa vie. Donc il est indispensable d’accueillir cet être humain avec ses limitations et affronter le fait comme une mission à mener tout au long de la vie», a déclaré Mgr Scherer.
Le prélat a également qualifié d›approximatifs les chiffres divulgués par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du SUS (Système Unique de Santé – au Brésil) à propos du nombre d’avortements clandestins au Brésil (où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée que dans des cas très limités). Les deux organismes ont en effet indiqué que plus d’un million d’avortements sont pratiqués chaque année clandestinement au Brésil, entraînant le décès d’une femme sur deux.
Pour autant, Mgr Scherer ne doute pas que de nombreux avortements de ce type soient pratiqués au Brésil, qu’ils entraînent des problèmes sanitaires, jusqu’à parfois provoquer la mort. «Et cela est lamentable», a-t-il admis.
Le bébé pas encore né est un humain
A l’opposé des partisans de la dépénalisation de l’IVG, l’archevêque de Sao Paulo suggère, comme première solution, que le gouvernement et les autorités se donnent les moyens de contrôler et de combattre de façon légale les cliniques et les personnes qui pratiquent les avortements clandestins.
Mgr Scherer a également rappelé qu’un bébé était un être humain. «Le bébé pas encore né, même après 12 ou 20 semaines de gestation, est un humain depuis le premier instant de la conception». Et de rappeler que, face aux risques du virus Zika, l’utilisation de méthodes contraceptives est un moyen de lutte à part entière. «Ce n’est pas une solution simpliste, a t il affirmé. C’est une option. Les couples savent très bien comment éviter les grossesses non souhaitées. Ce n’est pas moi qui vais le leur apprendre».
Le prélat brésilien a également estimé que le gouvernement ne pouvait pas être rendu coupable de l’expansion du virus Zika. «Le moustique est apparu et a proliféré. Même si l’Etat peut faire d’avantage, le moustique va continuer à exister. La responsabilité ne peut pas être attribuée au seul Etat, et encore moins être utilisée comme un argument en faveur d’un supposé droit (à l’avortement)».
Cette déclaration intervient alors qu’une explosion des avortements clandestins au Brésil et en Amérique latine est jugée très probable par les spécialistes de la santé. De quoi amener des personnalités comme José Gomes Temporao, l’ancien ministre brésilien de la Santé, à demander au Tribunal Suprême Fédéral la dépénalisation de l’avortement.
L’ex-ministre a également insisté sur la responsabilité de l’Etat dans la gestion de cette crise sanitaire. Il a noté que les familles n’étaient pas responsables du développement du virus. Beaucoup sont pauvres et n’ont pas d’eau courante. Elles sont donc obligées de stocker l’eau, procurant ainsi des espaces propices à la prolifération du moustique Aedes aegypti, principal porteur du virus Zika.
Le Brésil est le pays le plus touché par le virus, avec au moins 1,5 million de cas recensés. L’Etat a d’ailleurs déclenché l’état d’urgence sanitaire depuis le mois de décembre. Selon le ministère de la Santé brésilien, 4’000 bébés sont déjà atteints par le virus, en grande majorité dans le nord-est du pays. (cath.ch-apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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