De pèlerinage, il en a été question toute la matinée. L’aula François-Xavier Bagnoud «est pleine, tout comme l’année dernière», s’est réjoui Pierre-Yves Maillard. Le chanoine Emmanuel Martial Carraux et l’évêque Jean-Marie Lovey se sont exprimés sur le thème du jour, d’une grande actualité en cette Année de la miséricorde. Invitée pour l’occasion, toute l’équipe de l’Oeuvre diocésaine des pèlerinages (l’ODP) a fait le déplacement pour exposer, à travers une opération séduction, son travail et l’ensemble des pèlerinages qu’elle propose chaque année. La session de ces «Cocom» s’est tenue dans une ambiance chaleureuse.
«Tout doit être centré sur le Christ», rappelle, en préambule de son exposé, le chanoine Martial Emmanuel Carraux, responsable spirituel de l’ODP. Avec conviction, le chanoine met en garde contre le danger de dévier du chemin en ne mettant pas «le Mystère pascal au centre du pèlerinage».
«Le pèlerinage peut devenir une catéchèse» a fait remarquer Martial Carraux, en évoquant «l’enseignement de tout l’Evangile avec la Bible de pierre». Il faisait allusion à l’architecture, aux sculptures et aux vitraux des églises et cathédrales, buts de pèlerinage qui, selon lui, constituent un enseignement où l’on trouve «le message de l’espérance sculpté dans la pierre par nos ancêtres». Le chanoine s’est référé en particulier aux sculptures de la basilique Sainte-Marie Madeleine de Vézelay. Il sont source d’enseignement de la Bible et de la façon dont nos lointains prédécesseurs ont témoigné de la vie du Christ dans la pierre.
«Le pèlerinage est un itinéraire intérieur qui touche le cœur, le corps et les yeux»
Envisageant que le touriste devienne pèlerin, le chanoine Carraux a souligné l’importance de faire de nos églises des lieux d’acceuil avec des mots de bienvenue, des livrets d’explication et des feuillets d’information. «Pensons que nos églises peuvent devenir source pour ceux qui sont éloignés de notre foi», a lancé le chanoine. Les touristes, selon Martial Carraux repartiraient ainsi avec une image différente de l’Eglise. «Le pèlerinage, a conclu le chanoine, est un itinéraire intérieur qui touche le cœur, le corps et les yeux».
«Sans cesse tenté de m’installer, Jésus, tu me demandes de partir», résume Mgr jean-Marie Lovey pour qui «tout pèlerinage est un départ» vers un chemin que nous incite à prendre la suite du Christ . Le Christ, rappelle l’évêque de Sion, a fait lui aussi un pèlerinage. Quittant le Père, il s’est abaissé à la condition de l’homme, jusqu’à la croix, puis est reparti vers son Père. Faisant allusion à notre mort terrestre, l’évêque a évoqué le «grand départ» vers le Père, un «arrachement», plus ou moins douloureux selon les cas. «Un jour ou l’autre il faudra partir », et pour Mgr Lovey, entreprendre des démarches pèlerines permet de se préparer à ce «retour à la maison du père».
L’évêque de Sion, montagnard confirmé, a donné un témoignage de ses nombreux pèlerinages pédestres en montagne, synonymes de dépouillement où l’on ne doit emporter que le strict nécessaire. «Il faut se désencombrer». Concrètement en mettant dans le sac à dos le juste nécessaire à la marche, et spirituellement en prenant ses distances avec le tumulte de la vie pour aller à l’essentiel. Le pèlerinage permet ainsi de mieux comprendre notre vocation et notre place dans l’univers.
Après la pause, les membres de l’équipe de l’ODP ont détaillé l’ensemble des pèlerinages organisés chaque année. Ils ont présenté, photos à l’appui, les pèlerinages de printemps et d’été à Lourdes, celui de l’Avent à Trente, en Italie. Ils ont mis en exergue la démarche vers Einsiedeln, au sanctuaire de la Vierge noire, comme une belle alternative à celle de Lourdes pour les personnes ne pouvant plus effectuer le déplacement au sanctuaire marial français.
Le chanoine, rappelant la situation politique «délicate» en Israël a regretté la suspension du pèlerinage en Terre Sainte. «En raison des événements récents, Berne déconseille cette destination, a-t-il déploré, mais il n’est pas question de faire courir de risques aux pèlerins que nous emmenons». Il espère vivement que la situation évoluera prochainement.
L’accent a été mis sur le pèlerinage diocésain organisé en octobre à Rome, en lien avec l’Année de la miséricorde. L’évêque présidera ce déplacement, emmenant les familles, les jeunes et les fidèles passer la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Un programme de visite a par ailleurs été taillé sur mesure pour les différentes catégories qui prendront la route de Rome.
Questionné sur le coût que représente un tel voyage, en particulier pour les familles, le chanoine a expliqué que la marge financière de l’organisation n’était pas très grande. Soulignant que tout avait été fait pour réduire au maximum le prix du déplacement, il a invité ceux qui le souhaitaient à contacter le service de l’ODP pour étudier les cas particuliers.
Interpellé sur le sanctuaire de Medjugorje, situé en Bosnie-Herzégovine, Martial Carraux a rappelé l’interdiction, faite par l’Eglise, d’organiser tout pèlerinage diocésain vers le sanctuaire marial bosniaque. «On doit obéissance à l’Eglise», a-t-il relevé mais il a aussi précisé que rien n’empêchait de s’y rendre individuellement ou en groupe, et a recommandé, dans ce cas, l’accompagnement d’un prêtre.
L’Eglise n’a pas officiellement reconnu les apparitions mariales de Medjugorje, qui seraient encore quotidiennes pour trois des six ‘voyants’ ayant témoigné de ces apparitions. «Sur la base des recherches effectuées jusqu’à présent, il n’est pas possible d’affirmer le caractère surnaturel de ces apparitions ou révélations», rapporte le jugement officiel de l’Eglise qui se réfère au non constat de «supernaturalitaté» de la Déclaration de Zadar.
La matinée s’est terminée avec une prise de parole de l’ensemble des représentants des services pastoraux du diocèse. Les représentants des pastorales de la famille, de la jeunesse, des vocations, des services de la santé, de la formation (catéchèse) ainsi que la commission diocésaine de liturgie (Codili), se sont succédés à la tribune pour vanter l’offre de leur service diocésain. Se référant à l’organisation du synode sur la famille de 2015, Pierre-Yves Maillard a accordé à chacun «cinq minutes, pas une seconde de plus» de temps de parole. (cath.ch-apic/bh)
Bernard Hallet
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