Au terme de l’Année de la vie consacrée, des milliers de moines, religieuses contemplatives ou apostoliques, vierges consacrées, membres d’instituts séculiers du monde entier, ont accueilli le pontife avec enthousiasme dans la salle Paul VI. Comme souvent lors de rencontres avec des consacrés, le pape François a mis de côté son discours pour improviser durant une demi-heure, invitant notamment à vivre l’obéissance. Une obéissance non pas «militaire», a-t-il précisé, mais prophétique, qui renverse «l’anarchie, fille du démon».
Evoquant avec tristesse la désertion des séminaires, le vieillissement de nombreuses communautés, les grands monastères portés jusqu’à la fin par quatre ou cinq vieilles religieuses, le chef de l’Eglise catholique a confié: «Je vous confesse que cela me coûte beaucoup de voir la baisse des vocations (…) Cela suscite en moi une tentation contre l’espérance». Et le pape de s’exclamer au terme de l’année de la vie consacrée: «Seigneur, que se passe-t-il? Pourquoi le ventre de la vie consacrée devient-il si stérile?».
Avant de «jeter une bombe de médisance, mords toi la langue, très fort»
Le pape François a alors mis en garde contre «l’insémination artificielle», c’est-à-dire la tentation d’accepter les candidats sans discernement. «Il faut recevoir avec sérieux, a-t-il insisté, il faut bien discerner que ce soit une vraie vocation et l’aider à grandir». Il a aussi exhorté à prier davantage, pour lutter contre la tentation de désespérance que donne cette stérilité. Prier sans se lasser, a-t-il précisé, avec intensité, afin que le Seigneur donne «des fils et des filles» aux congrégations religieuses.
L’évêque de Rome a également mis en garde contre le danger «laid» de mettre son espoir dans l’argent, «excrément du diable». Certaines communautés sans vocations, sans «enfants», s’attachent à l’argent, dans l’illusion que l’argent pourvoira aux besoins futurs, a-t-il déploré en encourageant à mettre son espérance seulement dans le Seigneur. Une fois encore, le pape François a condamné le «terrorisme des médisances». Avant de «jeter une bombe de médisance, mords toi la langue, très fort», a-t-il recommandé, faisant rire son auditoire.
Dans ce discours improvisé, le pape a aussi insisté sur la notion de proximité, invitant les consacrés à prendre exemple sur sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions, qui se faisait proche des gens. «Devenir consacré ne signifie pas monter des marches dans la société», a-t-il mis en garde, mais créer de la proximité physique, spirituelle, connaître les gens, y compris dans sa propre communauté. Il a alors encouragé, par exemple, à rendre visite aux religieuses âgées et malades, situées «à l’infirmerie du troisième étage», souvent oubliées. Une suggestion accueillie par des applaudissements nourris dans l’assemblée. (cath.ch-apic/imedia/ak/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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