Les travées de la cathédrale ont bruissé toute la journée du passage des robes des moines et moniales, blanches, noires, brunes, bleues ou beiges. Célébrations liturgiques, animation de stands, débat, ateliers, et conversations ont rythmé la journée. Les fidèles, venus en nombre, ont retrouvé ce qui fait la beauté des monastères : le chant des heures sur des mélodies grégoriennes ou contemporaines, la messe, la joie sereine de vies habitées de l’intérieur. Et pour les plus terre à terre les produits du terroir, de l’eau verte de la Maigrauge, aux biscuits du Carmel du Pâquier en passant par le parfum de lavande des dominicaines d’Estavayer-le-Lac ou la liqueur de Montorge.
«A quoi sert la vie religieuse contemplative au sein des monastères ?» s’est interrogé Mgr Charles Morerod dans son homélie. Pour l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, la question ne devrait pas être posée ainsi. Cela revient à dire à Dieu: «qui tu es ne m’intéresse pas. Je veux savoir à quoi tu sers !» Sur le portique de la chartreuse de la Valsainte figure la devise «Soli Deo» (Dieu seul suffit). Et c’est ce que prouvent au monde les moines et les moniales dont le premier rôle est la louange et la contemplation du mystère divin.
«Les religieux n’ont rien en plus, ils ont tout en moins. Ils cherchent à ôter tout ce qui les empêche d’appartenir entièrement au Christ» a commenté en écho dans l’après-midi Don Marc de Pothuau, Abbé d’Hauterive. «Nous sommes différentes, mais pas pour autant extra-terrestres», a renchéri Sœur Colette, religieuse depuis 38 ans à la Visitation de Fribourg. «Si nous appartenons au Christ, nous appartenons aussi à une communauté.
«Nous sommes différentes, mais pas pour autant extra-terrestres»
Nous ne sommes pas seules, nous vivons au sein du monastère une expérience concrète de l’Eglise.» Un credo que ne renie en rien Sœur Elisabeth du Carmel du Pâquier: «séparées du monde ne veut pas dire coupées du monde. Cela ne serait tout simplement pas chrétien. Le principal défi de la vie religieuse est d’être toujours en croissance, de se laisser déranger, bousculée pour aller là où Dieu m’attend.»
«La vie en commun c’est plein de problèmes. La façon dont mon voisin de table mange sa soupe peut m’exaspérer profondément», admet Don Marc. Mais c’est aussi le lieu où se vit le mystère du pardon. «Sans prière partagée, sans dialogue, sans demande explicite de pardon, la vie serait insupportable», ajoute Sœur Colette. «Cela prend du temps. Le pardon des lèvres ne suffit pas, il faut le pardon du cœur.» Pour Sœur Elisabeth, «l’essentiel c’est l’amour qui nous brûle».
«La contemplation n’est pas la seule prière, c’est une vie entière vécue sous le regard de Dieu avec un cœur ouvert aux autres, c’est en cela que nous sommes des contemplatives.» Aux chrétiens dans le monde, et aux jeunes Sœur Colette livre un conseil: «Osez prendre le temps de vous arrêter pour ne pas rester à la superficie de vous-mêmes.» (cath.ch-apic/mp)
Maurice Page
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