Le colloque qui a rassemblé, du 26 au 29 janvier dans la capitale sénégalaise, plus d’une centaine d’évêques, de prêtres, de religieux, religieuses, laïcs, chercheurs musulmans et catholiques, entre autres, venus d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis, a justifié la tenue de ce concile œcuménique par »la situation de crise anthropologique aigue que nous vivons».
Selon le texte, dans l’histoire de l’Eglise, il y a eu des conciles sur la trinité, sur le Christ, le sacrement, mais aujourd’hui, «nous sommes dans une crise, telle que l’Eglise doit dire, selon sa foi, qui est l’homme».
Pour les participants, le colloque s’est voulu un «devoir de mémoire et une nouvelle prise de responsabilité historique de l’Afrique, dans un monde qui attend beaucoup d’elle, et dans une Afrique qui attend beaucoup de sa culture, de ses religions, et dans un monde en quête dramatique de paix, et du dialogue interculturel et interreligieux».
Ils ont aussi exhorté à réfléchir sur la laïcité en Afrique pour qu’elle ne soit pas «l’expression de dictature, mais serve de lieu d’épanouissement de la pluralité religieuse et culturelle». Il s’agirait d’encourager l’émergence de maisons d’éditions en Afrique, où les intellectuels africains pourraient publier leurs œuvres. Pour ce faire, ils ont estimé qu’il faudrait faire mettre en place des coopératives éditoriales, qui devront être soutenues par toutes les personnalités panafricaines souhaitant soutenir le développement de cette œuvre.
Le colloque s’est aussi prononcé en faveur de la création de lieux de recherche et de spiritualité sur les cultures et les valeurs africaines. Ces lieux de recherche pouvant être appelés Académie africaine des sciences sociales et politiques, école des intellectuels communautaires, etc…
Il a plaidé pour l’accompagnement des hommes et femmes politiques en Afrique, pour leur formation à l’action de transformation, en leur donnant les compétences nécessaires. Il a exhorté à former les jeunes à l’esprit critique et à la nécessaire solidarité entre les générations, et à faire connaître et promouvoir les expériences de prise en charge de la culture africaine en cours dans le continent.
Les travaux ont porté sur l’Afrique des Eglises avant Vatican II, le concile Vatican II et l’Eglise africaine, Vatican II, Vatican II, le dialogue des religions et les défis du temps présents. Ils ont permis de rendre hommage à Alioune Diop (1910-1980), un intellectuel et homme de culture du Sénégal qui s’est converti au christianisme dans la nuit de Noël 1946. Il a joué un rôle déterminant dans la participation des évêques africains au concile Vatican II de1962 à 1965.
A la clôture des travaux, Viviane Laure Elisabeth Bampassy, ministre sénégalaise de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du renouveau du secteur public, représentant son gouvernement, a souligné le caractère «inédit» du symposium, qui a contribué au dialogue des cultures. Selon elle, la rencontre a permis de renforcer le dialogue entre pasteurs et laïcs, éducateurs et philosophes, médecins et psychologues, de redire l’oecuménisme, mais aussi, à quel point le dialogue entre le christianisme et l’islam est au cœur de la spiritualité africaine. «La vivacité et l’unité, le respect mutuel et l’identité de chacun sont essentiels à l’Afrique, et au monde», a-t-elle fait remarquer.
Le colloque était organisé conjointement par le Conseil Pontifical de la Culture, le Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), la Conférence Episcopale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO), et la Communauté Africaine de Culture du Sénégal (CACSEN). (cath.ch-apic/ibc/bh)
Bernard Hallet
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