Le chef de l’Eglise syro-catholique, invité par la section italienne de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en détresse» (Aiuto alla Chiesa che Soffre/ACS), a dénoncé à cette occasion «l’indifférence» de l’Occident face au drame des chrétiens du Moyen-Orient.
Le patriarche Younan a déploré que les puissances occidentales aient placé leurs intérêts géopolitiques au-dessus du sort des chrétiens du Moyen-Orient. Il s’est dit «profondément blessé» par l’indifférence de l’Occident «face au sort de tant de personnes innocentes», alors qu’à l’heure actuelle, même dans les médias, «presque personne ne parle de nous!»
En Syrie, le nombre de chrétiens a diminué de façon spectaculaire. «Dans les années 50, nous étions environ 19% de la population et maintenant à peine 5%. Beaucoup ont déjà quitté le pays et beaucoup d’autres continueront à quitter en risquant la mort en mer».
Le prélat syrien, originaire de Hassaké, au nord-est de la Syrie, dénonce le drame des nombreux Syriens qui sont en train de mourir de faim et par manque de soins médicaux. «Les civils paient le plus lourd tribut au conflit». Parlant de la fuite des chrétiens des régions en guerre, le patriarche a rappelé que beaucoup de chrétiens ont déjà quitté la Syrie et l’Irak. Il a mentionné en particulier le sort de Qaraqosh, une ville habitée essentiellement par des syro-catholique, dans la Plaine de Ninive, près de Mossoul, tombée aux mains de Daech, le soi-disant «Etat islamique», le 7 août 2014.
Tant l’Irak que la Syrie risquent de subir le sort des chrétiens de Turquie, où sa partie occidentale fut longtemps un des hauts lieux du christianisme. Le peu de chrétiens qui restent dans ces régions, devenues en très grande majorité musulmanes, sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Les chrétiens syriaques et chaldéens de Turquie ont également été persécutés à l’époque du génocide des Arméniens de l’Empire ottoman durant la Première guerre mondiale.
Le patriarche Younan demande à la communauté musulmane et en particulier aux chefs religieux musulmans de faire entendre leur condamnation claire et sans équivoque des crimes perpétrés par les hommes du califat. «Ils ne peuvent pas seulement dire que c’est un péché de tuer leurs frères musulmans. Ils doivent également condamner ceux qui tuent les chrétiens et les membres d’autres minorités religieuses au nom de l’islam». Mais, malheureusement, constate-t-il, «personne ne s’est encore exprimé clairement dans ce sens…»
Estimant les «frappes aériennes» insuffisantes pour contrer Daech, le prélat syrien prône une action terrestre coordonnée des armées nationales syrienne et irakienne pour éradiquer cette menace mortelle. Il a qualifié les djihadistes du soi-disant «Etat islamique» de «barbares qui tuent, violent, asservissent et kidnappent des femmes et des enfants». Le prélat a également noté que l’intervention militaire de la Fédération de Russie a eu des effets positifs sur les conditions de la population. (cath.ch-apic/acs/aed/be)
Jacques Berset
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