Un décret daté du 6 janvier dernier, jour de la fête de l’Epiphanie, modifie les normes liturgiques datant de 1955 selon lesquelles le célébrant doit laver les pieds de 12 hommes, clercs ou laïques, lors de la messe du Jeudi saint. Ce rite facultatif rappelle le geste de service du Christ avant sa passion avec ses disciples.
Ce rituel, explique le décret à peine publié, «manifeste de façon significative l’humilité et l’amour du Christ envers ses disciples», venu «donner sa vie pour le salut de l’ensemble du genre humain». Dès lors, «afin de manifester tout le sens de ce rite à ceux qui y participent, il a semblé bon au Souverain Pontife François de changer la norme qui se trouve dans les rubriques du Missel Romain" afin que «les pasteurs puissent choisir un petit groupe de fidèles qui représente la variété et l’unité des différentes parties du peuple de Dieu».
«Ce groupe peut compter des hommes et des femmes», indique alors le décret romain avant de préciser qu’il est souhaitable qu’il s’agisse de «jeunes et de personnes âgées, en bonne santé et malades, de clercs, de consacrés et de laïcs».
«Il ne s’agit pas d’un acte sacramentel», a indiqué aux journalistes le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Le décret est donc une simple «indication pour savoir comment accomplir ce rite». Il n’est plus nécessaire non plus de choisir 12 personnes, mais un «petit groupe», a précisé le Père Lombardi, pour qui «ce qui compte, c’est que le geste du lavement des pieds exprime l’amour de Dieu pour tous».
Pour faire comprendre la portée du décret, le Père Lombardi a également souligné que cette modification ne pouvait être comparée, par exemple, au fait de changer la formule de la consécration du pain et du vin. «C’est d’un tout autre niveau», a-t-il insisté, pressentant probablement une levée de boucliers dans certains milieux plus traditionnels. Ce geste, a encore expliqué le ‘porte-parole’ du Vatican, est «très significatif pour le pape François» qui le fait chaque année «avec une intensité particulière».
En 2013, pape François avait rompu avec la tradition des hommes dès le début de son pontificat, en lavant les pieds de 12 jeunes, dont deux jeunes filles, à la prison pour mineurs de Casal del Marmo à Rome, lors de sa première messe de la Cène du Seigneur. L’année suivante, il avait lavé les pieds de 12 hommes et femmes dans un centre romain pour personnes malades et handicapées. Puis, en 2015, au grand centre pénitentiaire de Rebibbia, l’évêque de Rome avait accompli ce geste avec des détenus et des détenues.
Déjà, lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, capitale de l’Argentine, le cardinal Jorge Mario Bergoglio avait pour habitude d’accomplir le rite du lavement des pieds auprès d’hommes et de femmes marginalisées.
Cette particularité, cependant, est inédite dans l’histoire de la papauté. Ainsi, son prédécesseur Benoît XVI avait toujours lavé les pieds à des prêtres, sauf en 2006 où il s’était agi de 12 hommes représentant des associations laïques de Rome. En outre, traditionnellement, les papes célébraient la Cène dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de Rome. (cath.ch-apic/ami/bl/ak/gr)
Grégory Roth
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