Le patriarche Cyrille de Moscou a certes fait le déplacement de Chambésy, mais l’Eglise orthodoxe russe émet de fortes réserves quant à la date précise de sa tenue: «Il est trop tôt pour en parler (…) La possibilité même de la tenue du Concile pose question», peut-on lire sur le site du Patriarcat de Moscou.
La délégation de l’Eglise orthodoxe russe à l’assemblée de Chambésy se compose du métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou (DREE), et de l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE.
Malgré les différentes difficultés auxquelles achoppe la préparation du Concile panorthodoxe, l’Eglise orthodoxe russe continue à prendre une part active au processus préconciliaire, note le Patriarcat de Moscou.
Les rencontres parlementaires de Noël, auxquelles est attendu le Patriarche Cyrille, auront lieu cette année le 29 janvier au Conseil de la Fédération de Russie, à Moscou, compte tenu de la nécessité de la participation personnelle du primat de l’Eglise orthodoxe russe à l’assemblée de Chambésy durant toute la durée de ses travaux. Le patriarche ne pourra donc être présent à la cérémonie d’ouverture des Conférences de Noël le 25 janvier. Ainsi, la célébration de la divine liturgie à l’église du Christ Sauveur de Moscou le 25 janvier, jour de l’ouverture des Conférences de Noël, est confiée au métropolite Juvénal de Kroutitsy et de Kolomna.
Le «Saint et Grand Concile» de l’Eglise orthodoxe doit être convoqué par le patriarche œcuménique à Constantinople en 2016, «sauf événement imprévu». Le Concile sera présidé par le patriarche œcuménique Bartholomée 1er, en présence des primats des autres Eglises orthodoxes autocéphales.
En 2014, les Primats des diverses Eglises orthodoxes avaient pris la décision de convoquer le Concile panorthodoxe en 2016 à Istanbul. «Ils avaient fait néanmoins une précision importante: si des circonstances imprévues n’y font pas obstacle», relève le métropolite Hilarion de Volokolamsk. Le chef du DREE souligne qu’il était prévu d’employer les deux années qui suivraient pour réviser, voire, dans certains cas, pour réécrire une grande partie des projets de documents du Concile. «Beaucoup d’entre eux, en effet, sont déjà caducs, car ils ont été rédigés il y a trente ans».
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk écrit que «malheureusement, ce travail de révision se fait extrêmement lentement. Sur les huit thèmes qui devaient être présentés au Concile, seuls trois ont pu jusqu’à présent être entièrement terminés. Les autres ne sont pas prêts. Un thème de droit canon aussi important que la proclamation de l’autocéphalie a été carrément retiré de l’agenda, alors que l’essentiel du document a depuis longtemps été approuvé…»
Pour l’instant, poursuit-il, les Eglises locales ne partagent pas la même opinion sur les règles selon lesquelles le Concile panorthodoxe devra travailler, sur son règlement. «La Commission panorthodoxe spéciale qui s’est réunie très récemment pour discuter ces problèmes a dû interrompre ses travaux, car il n’a pas été possible de parvenir à un consensus».
De nombreuses questions relatives à la préparation du Concile restent sans réponse, affirme le métropolite Hilarion de Volokolamsk. «Elles ont été régulièrement soulevées par le patriarche Cyrille dans ses lettres à Sa Sainteté le patriarche Bartholomée de Constantinople».
Par ailleurs, note-t-il encore, la possibilité même de la tenue du Concile pose question. «Certaines Eglises orthodoxes n’ont pu régler leurs conflits entre elles, et le primat de l’Eglise orthodoxe des terres tchèques et de Slovaquie n’a pas été reconnu en tant que tel par plusieurs Eglises orthodoxes, sans parler de la situation politique extrêmement instable dans le monde». (cath.ch-apic/mospat/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/moscou-doute-de-tenue-grand-concile-panorthodoxe-a-istanbul-2016/