«N’oubliez pas les pauvres», lance ainsi le pape dans ce message lu à Davos dans l’après-midi du 20 janvier par le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et paix. «C’est, assure le pape, le premier défi qui se trouve devant vous en tant que responsables dans le monde des affaires».
«Pleurer devant le drame des autres, prévient le chef de l’Eglise catholique, ne veut pas dire seulement partager leurs souffrances, mais aussi et surtout réaliser que nos propres actions sont causes d’injustice et d’inégalité».
Alors qu’une quarantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement et 2’500 leaders économiques et leaders d’opinion planchent sur la révolution du numérique et ses risques pour l’emploi, le pape François exhorte à créer de nouveaux modèles dans le domaine des affaires.
Tout en promouvant le développement des technologies avancées, explique-t-il, celles-ci doivent permettre d’offrir du travail digne pour tous. Le pape François plaide aussi pour le maintien et le renforcement des droits sociaux, ainsi que pour la protection de l’environnement. «L’homme doit guider le développement technologique, sans se laisser dominer par lui», écrit le pape, pour qui la «quatrième révolution industrielle» à l’étude à Davos ne doit pas conduire à la destruction de la personne humaine, finalement remplacée «par une machine sans cœur».
«Celui qui a les moyens d’une vie décente, assure encore le pape, doit chercher à aider les plus pauvres à accéder eux aussi à des conditions respectueuses de la dignité humaine au lieu d’être préoccupé par les privilèges».
«N’ayez pas peur d’ouvrir vos esprits et vos cœurs aux pauvres», lance encore le pape aux leaders économiques et d’opinion réunis dans la célèbre station de ski suisse. «De cette manière, poursuit-il, vous donnerez libre cours à vos talents économiques et techniques, et découvrirez la joie d’une vie pleine, que le consumérisme ne peut de lui-même apporter».
Souvent accusé de s’en prendre avec véhémence au capitalisme et au libéralisme, le pape François assure que le monde des affaires possède «une noble vocation, orientée à produire de la richesse». Cette richesse, s’empresse cependant d’ajouter le chef de l’Eglise catholique, vise «à améliorer le monde pour tous». Les affaires, conclut-il, «ont une responsabilité pour aider à surmonter la crise complexe de la société et de l’environnement, et pour combattre la pauvreté». (cath.ch-apic/imedia/ami/be)
Jacques Berset
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